Scission entre les patrons français

Les dirigeants de filiales européennes ont décidé de créer une structure pour avancer groupés dans le pays. Une décision qui affaiblit la Chambre de commerce et d’industrie française, présidée par Michel Tizon.

Publié le 10 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Le 8 septembre, les grands patrons des groupes européens présents en Côte d’Ivoire ont prévu de se retrouver dans le quartier des affaires du Plateau, à Abid­jan, pour un comité exécutif qui doit donner corps à la Chambre de commerce européenne en Côte d’Ivoire (CCE-CI), lancée en grande pompe le 29 juin. « Nous allons discuter du plan d’action, examiner la vingtaine de candidatures reçues pour le poste de directeur général, établir notre budget de fonctionnement et installer nos instances pour débuter réellement les activités au début du mois d’octobre », explique Maximilien Lemaire, patron de la Générale de Manufacture (Gema) et président de la Chambre de commerce belge à Abidjan. Moins de trois mois après son lancement, la CCE-CI regroupe près de 45 entreprises, des filiales de multinationales pour la plupart, et revendique 50 % des investissements réalisés dans le pays. 

Les PME-PMI tenues à l’écart

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Reste que cette nouvelle venue dans le paysage patronal défraye la chronique et suscite de nombreuses polémiques au sein de la communauté étrangère, particulièrement chez les Français. « Nous n’arrivons pas à comprendre que, dans un pays francophone où nos entreprises sont leaders [plus de 40 % du PIB, NDLR], on crée une Chambre de commerce européenne, explique Michel Tizon, président de la Chambre de commerce et d’industrie française en Côte d’Ivoire (CCIFCI). C’est un complot des grands groupes qui ne veulent plus côtoyer les PME-PMI. » Sont notamment visés plusieurs conseillers du commerce extérieur français, Jean-Francois Fichaux, l’actuel président de la Chambre de commerce européenne et directeur général de la Bicici (groupe BNP), Lionel Labarre, représentant du groupe Bolloré, et Jean-Luc Ruelle, gérant associé du cabinet KPMG.

La création de la CCE-CI est une vieille idée de Lemaire. Quand Jean-François Fichaux, actuel président de la CCE-CI, pose ses valises en Côte d’Ivoire pour prendre la direction de la Bicici, il y a deux ans, les deux hommes décident de la concrétiser. Fichaux a fait une partie de sa carrière en Chine et en Indonésie, où il a fréquenté les chambres de commerce européennes, très implantées en Asie. Le tandem a vite convaincu le Belge Michel Arrion, chef de la délégation de l’Union européenne. Ce dernier souhaite que les patrons du Vieux Continent s’organisent pour parler d’une seule voix. Une chambre européenne, selon eux, aura plus de poids pour peser auprès des autorités.

« Le courant ne passe plus entre les grands patrons de l’Hexagone, la plupart sont francs-maçons et Tizon ne les porte pas dans son cœur », avoue un homme d’affaires. Michel Tizon, installé en Côte d’Ivoire depuis plus de trente ans, est une figure de la communauté française. Marié à une Libanaise, connu pour son franc-parler, il s’est toujours battu pour défendre les intérêts des 750 entreprises hexagonales et promouvoir les relations économiques franco-ivoiriennes. Mais, à la tête de la CCIFCI depuis sa création en 1992, il est victime de l’usure du temps et de relations difficiles… Il conserve toutefois d’importants soutiens puisqu’il a été élu, le 7 juin, représentant à l’Assemblée des Français de l’étranger, ce que n’a pas réussi Jean-Luc Ruelle de la CCE-CI. Néanmoins, tous les ponts ne sont pas coupés. Fichaux et ses amis de la Chambre de commerce européenne laissent entrouverte la porte au président de la CCIFCI. « Nous lui avons proposé un siège au comité exécutif. Cette offre est toujours valable », conclut Lemaire. À suivre.

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