Turquie-Arménie : normalisation en vue
Les deux pays se préparent à rétablir leurs relations diplomatiques. Après des décennies de haine.
Miracle du football, effet Obama, médiation suisse : c’est grâce à cette conjonction que la Turquie et l’Arménie ont, le 31 août, annoncé leur intention d’établir des relations diplomatiques d’ici à six semaines. Deux protocoles portant sur la normalisation politique et le développement des relations économiques devront être ratifiés par les Parlements et les présidents des deux pays. Reste à surmonter l’opposition des ultranationalistes. Et le poids de décennies de haine. En septembre 2008, Abdullah Gül, le président turc, avait créé l’événement en se rendant à Erevan pour assister à un match entre les deux équipes nationales. En avril 2009, à Istanbul, Barack Obama avait exhorté les ministres des Affaires étrangères turc et arménien à poursuivre le processus engagé sous l’égide de la Confédération helvétique.
Aujourd’hui, grande nouveauté, les deux pays renoncent aux préalables qu’ils posaient à toute réconciliation : d’un côté, la reconnaissance du génocide arménien de 1915 (nié par Ankara) ; de l’autre, le retrait des Arméniens du Haut-Karabakh. En 1993, la Turquie avait fermé sa frontière avec l’Arménie pour soutenir l’Azerbaïdjan « frère », en conflit avec Erevan pour le contrôle de cette enclave arménienne en territoire azéri.
Ces dossiers sensibles ne seront pas occultés : une commission mixte d’historiens se penchera sur la question du génocide et, si les protocoles sont ratifiés, la frontière pourrait rouvrir au début de 2010. Une bonne nouvelle pour les milieux d’affaires turcs et pour une économie arménienne au bord de l’asphyxie.
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