Kadhafi célèbre Kadhafi
C’est en grande pompe que la Jamahiriya a fêté le quarantième anniversaire de la Révolution. Et du règne sans partage de son « Guide ».
Pour la célébration de ses quarante ans de règne, Mouammar Kadhafi n’a pas lésiné sur les moyens. Clou des festivités organisées le 1er septembre, un spectacle son et lumière de trois heures qui s’est déroulé dans un jardin mitoyen du port de Tripoli et de la place Verte. Trente tableaux en trois actes ont été déclinés autour de l’histoire du pays ramenée à la personne du « Guide », qui y est glorifié comme celui qui a transformé la Libye en « un paradis » et en une « citadelle de la liberté » dans le monde, et en a fait « la porte de l’Afrique ». L’événement a mobilisé une quarantaine de troupes musicales locales et étrangères, plus de 1 500 techniciens et artistes – en majorité des danseurs et danseuses venus de France, d’Italie, de Suède et d’Afrique. Quarante reines de beauté mondiales réunies autour de Miss Italie étaient aussi de la fête.
Pour l’organisation de ces festivités, Tripoli a fait appel à au moins trois grandes agences mondiales spécialisées dans les grands événements ou la communication. Pour édifier la tente géante, plus grande qu’un terrain de football (170 m de long, 150 m de large et 22 m de haut), la compagnie britannique Atlantic Enterprise déclare avoir utilisé quinze avions Antonov pour acheminer 8 000 tonnes d’équipements. Metteur en scène de spectacles grand public, le Français Martin Arnaud, qui a à son actif les cérémonies d’ouverture du Mondial 1998 et de l’Euro 2008, a disposé de moyens à la hauteur des ambitions du « Guide ». « Nous avons utilisé, a-t-il expliqué, les technologies les plus sophistiquées qui soient. Pour la projection, nous avons mobilisé tout le parc européen d’écrans LED [diode électroluminescente, NDLR]. Nous avons eu recours aux meilleurs artificiers au monde et importé les meilleurs produits disponibles. » Quant à la communication, elle a été confiée à l’américain Grey Worldwide.
Les grands de ce monde ont boudé les célébrations, signe que la Libye de Kadhafi demeure malgré tout isolée. De tous les chefs d’État européens conviés, un seul a répondu réellement à l’invitation : le président de Malte, venu en voisin. Même l’ami personnel du « Guide », l’Italien Silvio Berlusconi, à Tripoli la veille pour fêter l’anniversaire de la normalisation des relations bilatérales et donner le coup d’envoi de la construction d’une autoroute est-ouest financée en partie par Rome, n’a pas daigné rester quelques heures supplémentaires pour assister au défilé militaire. La Libye s’étant montrée intéressée, il y a deux ans, par l’acquisition de seize avions de chasse français Rafale, le président Sarkozy a fait envoyer deux appareils qui ont participé, avec les quatre-vingts avions libyens, à la parade aérienne. Même les chefs d’État arabes frères ont brillé par leur absence. L’Égyptien Hosni Moubarak s’est fait représenter par un ministre. Le roi Mohammed VI a délégué son Premier ministre, Abbas El Fassi, lequel s’est retiré en signe de protestation contre la présence à la tribune officielle de Mohamed Abdelaziz, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), annulant du même coup la participation symbolique d’une unité des troupes marocaines au défilé. Kadhafi, en tenue d’apparat derrière une vitre pare-balles, ne s’en est même pas aperçu.
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