Carte raciale contre carte de séjour

Brandon Huntley est un homme persécuté, en danger dans son pays, un homme à protéger. Parce qu’il est sud-africain et parce qu’il est blanc. C’est en tout cas la conviction des autorités canadiennes qui ont octroyé un statut de réfugié à ce Sud-Africain de 31 ans.

Brandon Huntley aurait démontré aux fonctionnaires de l’Immigration « l’indifférence, l’inaptitude ou la mauvaise volonté » du gouvernement de son pays à protéger les « Blancs sud-africains persécutés par des Noirs sud-africains ». M. Huntley, qui résidait au Cap avant de s’exiler au Canada en 2004, affirme en effet avoir été victime de sept agressions racistes. Mais n’a jamais porté plainte dans son pays, notent les autorités sud-africaines, choquées par cette décision. Brandon Huntley a probablement joué la « carte raciale » dans le seul but d’obtenir un statut de réfugié.

Le gouvernement va demander très officiellement des explications aux Canadiens, estimant que cette décision montre un « manque de connaissance des faits et des réalités sud-africaines ». Si personne ne nie la dramatique situation d’insécurité qui règne dans le pays, les meurtres et agressions racistes restent rares, comparés aux milliers de crimes crapuleux et à la violence domestique. Les premières victimes de cette criminalité sont les Noirs habitant dans les townships.

Plus de 5 millions de Sud-Africains sont d’origine européenne. Depuis la fin de l’apartheid, l’adoption de lois sur la discrimination positive, la montée de l’insécurité mais aussi la réforme agraire, qui leur fait craindre un scénario à la zimbabwéenne, ont poussé des milliers de Blancs à quitter le pays. Selon l’association d’aide au retour Homecoming Revolution, au moins la moitié de ces expatriés projettent de revenir au pays. Gageons que Brandon Huntley, lui, ne sera pas le bienvenu…