Le Dadis Web Show
Les colères du président guinéen sont visionnées par des dizaines de milliers d’internautes.
Il est l’une des nouvelles coqueluches du Web. Il n’est pourtant pas « people », il n’est ni star de cinéma ni chanteur, juste le chef d’une junte qui tient depuis neuf mois le pouvoir en Guinée. Si les vidéos de Moussa Dadis Camara remportent un tel succès – 30 000 visiteurs sur YouTube –, c’est à cause de ses colères. Elles sont d’une violence rarement vue dans les hautes sphères du pouvoir. Dadis perd souvent le contrôle et, du coup, son français.
Petit échantillon des dérapages. Hors de lui, Dadis Camara lance au téléphone à un conseiller de son Premier ministre, Kabiné Komara : « Il n’est pas culotté de recevoir un directeur de zone aurifère sans nous tenir informés ! Ce n’est pas lui qui a pris le pouvoir !… Le Premier ministre là, il est gonflé, il est gonflé, hein ! » « Vous n’avez pas affaire à un con », martèle le chef de la junte, qui tempête pendant plusieurs minutes au téléphone, laissant son interlocuteur sans voix.
Une autre victime de la furie de Dadis : l’ambassadeur d’Allemagne en Guinée. Il y a un mois, le diplomate exprimait en public les inquiétudes de l’Union européenne sur une candidature de Dadis Camara à la présidentielle. Il est stoppé net et rappelé à l’ordre par le président devant des membres du gouvernement et du corps diplomatique, lors de l’un des fameux « Dadis shows » diffusés par la télévision guinéenne. « Ne me prenez pas pour votre petit gamin. Je suis le président de la Guinée. Respectez mon autorité », lance Dadis tel un professeur réprimandant un élève indiscipliné.
Idem pour deux hauts fonctionnaires, sommés de venir à la tribune, face au public, pour cinq longues minutes de réprimandes, qui se terminent par une sanction sur-le-champ : « Vous avez combien d’ans de service ? 28 ans ? bon, retraite anticipée. Et vous ? 27 ? retraite anticipée. » Sans autre forme de procès.
Traitement non moins humiliant pour l’ex-patron de la société minière Rusal en Guinée, l’Ukrainien Anatoly Pantchenko. Alors qu’il se confond en excuses devant le chef de l’État, ce dernier l’accuse d’être un voleur et le gronde ainsi : « Tu me parles comme ça, je te renvoie ! »
Parfois à peine compréhensible tant la colère l’emporte, Dadis Camara suscite de nombreux commentaires et, si quelques-uns des internautes saluent son courage et sa franchise, la plupart s’interrogent sur sa capacité à maîtriser ses humeurs.
Dadis et l’Ukrainien Anatoly Pantchenko
Dadis et l’ambassadeur d’Allemagne
Dadis et le conseiller du Premier ministre, Kabiné Komara
Dadis et deux hauts fonctionnaires
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