Racisme à la russe

Publié le 9 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Que ce soit dans une rame de métro, dans un parc ou aux abords d’un stade, les Africains qui vivent à Moscou essuient quotidiennement gracieux quolibets et autres noms d’oiseaux. Au choix : « mangeur de bananes », « sale singe », « sauvage », « hyène »… Pour éviter de crouler sous les insultes, certains évitent le métro aux heures de pointe et les quartiers bondés. Des petits trucs pour adoucir tant bien que mal une vie de tous les jours gâchée par le racisme.

Un sondage publié le 1er septembre par l’aumônerie protestante de Moscou révèle l’étendue de ce fléau dans la capitale russe. Deux cent neuf habitants africains ont été interrogés. Parmi eux, un grand nombre de Nigérians (25 %), mais aussi des Ivoiriens, des Togolais, des Congolais, des Éthiopiens… Âgés de 29 ans en moyenne, ils ont, pour la moitié d’entre eux, des papiers en règle ; 47 % sont étudiants.

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Plus de 88 % estiment que le racisme affecte leur quotidien. « Je suis insulté à chaque fois qu’il y a des Russes autour de moi. Si seulement je n’étais pas noir ! » se lamente l’un d’eux. Outre les classiques métaphores animales, les insultes peuvent prendre la forme d’un « la Russie aux Russes » ou d’un « rentre chez toi ». À la violence verbale s’ajoute la violence physique : 58,5 % des personnes interrogées disent en avoir déjà fait les frais, ces douze derniers mois pour leur grande majorité. Comme cette Congolaise de 64 ans, frappée par trois hommes alors qu’elle prenait le bus, en plein jour.

Les agressions sont parfois planifiées. Deux Nigérians racontent : « Un ami russe nous a invités à boire un verre. Quand nous sommes arrivés chez lui, il a sorti un couteau en criant qu’il avait tué des Noirs en Tchétchénie et qu’il comptait continuer sur sa lancée pour épargner une invasion à son pays. »

Dans la majorité des cas (65 %), les agresseurs, qui n’ont guère plus de 25 ans, frappent en groupe. Contrairement aux idées reçues, ils agissent rarement sous l’emprise de l’alcool (21 %). Et sont très peu inquiétés par la police : seulement 23 % des sondés disent avoir porté plainte.

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