Unesco : la candidate américaine
Après plusieurs mois de tractations dans les chancelleries des 193 États membres, la campagne pour l’élection du nouveau directeur général de l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) est entrée dans sa dernière phase. Pour les neuf candidats, l’heure est à l’offensive médiatique, chacun expliquant sa vision et son projet.
Promouvoir la paix par la culture et l’éducation : la feuille de route fixée par les « pères fondateurs » de l’Unesco au lendemain de la Seconde Guerre mondiale constitue, pour paraphraser le général de Gaulle, un « vaste programme ». En attendant de faire reculer conflits armés et illettrisme, l’Unesco est au centre de rivalités géopolitiques, comme en témoigne la diversité des origines et des profils des candidats à la succession du Japonais Koïchiro Matsuura. La plupart sont aujourd’hui à Paris, où se situe le siège de l’organisation, pour faire campagne.
Alors que Farouk Hosni, le ministre égyptien de la Culture, qui dispose notamment de l’appui de l’Union africaine et de la Ligue arabe, fait toujours figure de favori, les outsiders n’ont pas dit leur dernier mot. Après l’Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures, et le poète béninois Nouréini Tidjani-Serpos, l’Équatorienne Ivonne Baki est venue présenter son programme à Jeune Afrique.
La cinquantaine élégante, mère de trois enfants et artiste-peintre reconnue, la présidente du Parlement andin (qui fut candidate à la présidence de la République en Équateur) a « foi » dans sa victoire. « Je suis une femme, et une femme qui croit que le pouvoir doit être utilisé », assène-t-elle avec un sourire ravageur. « L’Unesco est un outil pour arriver à la paix, avec une priorité : l’éducation, l’éducation, l’éducation », poursuit la candidate, qui jouit également de la nationalité libanaise et aime à citer le romancier britannique H.G. Wells : « L’Histoire est une course entre l’éducation et la catastrophe. » « La pauvreté et l’ignorance font le lit de la violence. Je connais le prix de la paix, car j’ai vécu au Liban pendant la guerre. […] Je voudrais inspirer le dialogue, la paix, le respect, la compréhension des cultures. » Un programme qu’aucun de ses concurrents ne renierait… Mais Ivonne Baki assure « avoir les moyens » de son ambition. « Pour être successful, il faut de l’argent », lâche-t-elle comme une évidence. Et de mettre en avant sa proximité avec la nouvelle administration américaine. Ambassadrice de son pays à Washington de 1998 à 2002, elle ne fait pas mystère de ses liens étroits avec la secrétaire d’État Hillary Clinton, avant d’enfoncer le clou : « J’ai le soutien du président Obama. » Un parrainage de poids depuis le retour des États-Unis au sein de l’organisation, en 2003, dix-neuf ans après s’en être retirés pour dénoncer ses « dérives communistes » et ses « campagnes anti-impérialistes ».
Interrogée sur Farouk Hosni, dont certains propos ont été jugés antisémites par des intellectuels juifs, l’outsider de charme sort ses griffes : « Il faut faire attention à ce que l’on dit quand on postule à la direction de l’Unesco. »
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