Réponse à Ali Bongo Ondimba

Politologue, Bordeaux

Publié le 1 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Cher compatriote Ali Bongo Ondimba, j’ai lu votre lettre adressée à la diaspora gabonaise avec intérêt. Le style est clair et permet une intelligibilité indiscutable du message adressé, ce qui vous confère une crédibilité indéniable par rapport à vos adversaires, en carence d’idées et de vision novatrice. Cela étant, pour des raisons de convenance personnelle liées à une certaine constance dans les convictions, j’ai persisté dans ma volonté de ne pas aller voter le 30 août dernier.

Effectuer un non-vote permet de réaliser que la démocratie est insultée. C’est aussi une manière citoyenne de signifier que le Gabon doit comprendre qu’il a démissionné de son pouvoir de compréhension de la chose publique en laissant le système en place décider de tout.

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Je suis d’ailleurs frappé que, dans votre lettre, vous n’évoquiez nulle part la notion de « rupture » que vous galvaudez pourtant dans vos discours portant sur la gestion des affaires publiques. Pourquoi un tel déni ? Pour redonner confiance aux Gabonais, je pense en effet qu’il faut transformer profondément notre société. Mais votre idée selon laquelle une rupture peut s’inscrire dans la continuité est aujourd’hui surannée. Une rupture réelle et responsable doit être plus horizontale que verticale et impulsée par des gouvernements resserrés dont la valeur doit être qualitative et non quantitative. En un mot, je vous conseille de rompre avec le modèle de société de cour actuellement en place.

Si l’on en juge par la création d’un courant de rénovateurs au sein de votre parti (PDG, au pouvoir), le concept de rupture est quelque chose que vous avez longtemps médité. Aujourd’hui, vous la désignez par l’expression « l’avenir en confiance ». Mais la vraie question est de savoir s’il s’agit d’un progrès ou d’une régression. Or l’abstention prouve, si besoin est, que le Gabon continue avec ses pratiques et ses valeurs, qui sont de moins en moins démocratiques, laïques et sociales. Et si le « peuple introuvable » peut encore, dans les conditions actuelles, choisir un homme, il ne peut en revanche choisir son système de gouvernement.

« Je me révolte donc nous sommes », dirai-je en conclusion pour citer Albert Camus. Suivant cette formule, j’aimerais que vous établissiez une dialectique enrichissante pour notre démocratie entre l’individuel et le collectif, le public et le privé, le politique et le religieux, la majorité et l’opposition, et enfin, entre la personnalisation du pouvoir et son institutionnalisation.

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