Importations : les véhicules neufs bridés en Algérie
En interdisant brutalement le crédit à la consommation pour l’achat de voitures, les autorités mettent un frein à un marché en pleine croissance.
Le gouvernement algérien vient-il de donner le coup de grâce à la croissance du secteur automobile national, un marché évalué à environ 250 000 véhicules par an ? Une nouvelle disposition de la loi des finances complémentaire 2009, adoptée le 22 juillet dernier, a confirmé l’interdiction (hormis pour l’immobilier) du crédit à la consommation, auquel ont recours les Algériens pour au moins 35 % des achats de véhicules neufs importés.
Au nom de la lutte pour limiter les importations du pays et l’endettement des ménages, les pouvoirs publics ont ainsi décidé de brider le moteur du commerce automobile coupable de coûter plus de 3 milliards de dollars par an à la balance des paiements. Ils parachèvent ainsi une démarche entamée depuis un an (avec une première taxe en août 2008 pour tout achat de véhicule neuf) consistant manifestement à étouffer progressivement le crédit à la consommation. « En septembre 2008, la Banque centrale algérienne avait annoncé l’interdiction aux organismes privés de crédit de se refinancer auprès des établissements publics bancaires du pays. Ce qui a fait chuter la part de nos ventes automobiles dues au crédit à 22 % en juillet dernier », indique Marc Bergeretti, DG de Peugeot Algérie.
Net recul des ventes en juillet
Du coup, le marché domestique devrait être sérieusement affecté par cette mesure, avec laquelle le gouvernement tente aussi désespérément de favoriser la production nationale. « Le marché a déjà commencé à s’effriter à partir d’avril, accusant une baisse de 3 % sur les sept premiers mois de 2009 par rapport à la même période en 2008 », estime le dirigeant. Pis, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis), 144 000 véhicules ont été importés par des concessionnaires agréés au premier semestre 2009, contre plus de 160 000 la première moitié de 2008. Soit une baisse de plus de 10 %. Cette tendance s’est même accentuée en juillet. Le montant des importations de véhicules de tourisme a reculé de 22,6 % par rapport à juillet 2008 !
Ces nouvelles dispositions assombrissent l’avenir des concessionnaires du pays, très inquiets pour le second semestre 2009. D’autant que les pouvoirs publics en ont rajouté une louche pour freiner les importations de véhicules avec une deuxième taxe à l’achat des grosses cylindrées et des camions. Comme les consommateurs algériens, les distributeurs devraient en payer de lourdes conséquences. Le président de l’Association des concessionnaires automobiles d’Algérie (AC2A) prédisait le 25 août dans El Watan « une chute des ventes avoisinant 40 % », regrettant « une mesure hasardeuse, prise sans concertation ». « Pour contrôler l’endettement des ménages, la création d’une agence centrale des risques de surendettement, telle qu’annoncée par les autorités, qui assurera un historique des emprunts accordés et la fixation d’une limite d’endettement, nous semble plus efficace que l’exclusion du crédit, qui devrait renforcer le circuit informel de financement », expose Marc Bergeretti.
En attendant, le manque de facilités de crédit provoquera le retour en grâce du marché de l’occasion et des pièces de rechange. En juillet, le montant des importations d’accessoires de véhicules a bondi de plus de 327 % par rapport à juillet 2008.
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