Sale temps pour Al-Qaïda

Coups de boutoir de l’armée, tarissement du recrutement, désaveu public de théologiens arabes… l’organisation terroriste essuie revers sur revers.

Publié le 8 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Abou Moussab Abdelwadoud, de son vrai nom Abdelmalek Droukdel, émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), avait promis aux Algériens un été meurtrier. Deux opérations particulièrement audacieuses avaient même fait craindre le pire. Fin juin, sur les hauteurs de Mansourah, dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj (250 km à l’est d’Alger), une embuscade surprenait l’escorte d’un convoi d’employés chinois travaillant sur le chantier de l’autoroute est-ouest. Bilan : une vingtaine de gendarmes tués, leurs armes et uniformes récupérés. Quelques jours plus tard, un autre convoi des forces de sécurité subissait une attaque à l’explosif sur les routes sinueuses du littoral, à Damous, dans la wilaya de Tipasa. Le bilan est tout aussi lourd.

Mais ces deux attaques sont les seules à mettre à l’actif des troupes d’Abdelwadoud durant la période estivale. Les salafistes n’ont pas réussi à troubler le déroulement du Festival panafricain de la culture (Panaf, du 5 au 20 juillet) ni à inquiéter ses quelque huit mille invités étrangers, encore moins à empêcher la tenue de ses cinq cents concerts musicaux et autres spectacles. Pas plus qu’ils n’ont perturbé les diverses manifestations culturelles organisées en dehors d’Alger, de Timgad, au cœur des Aurès, à Djemila, sur les Hauts Plateaux, en passant par la corniche oranaise, qui a accueilli les stars du cinéma arabe. Non seulement Abou Moussab Abdelwadoud a échoué dans sa tentative de terroriser ses compatriotes, mais jamais, depuis son intronisation, en juin 2004, à la tête du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, rebaptisé AQMI en septembre 2006), son organisation n’avait enregistré des pertes d’une telle ampleur. Qu’on en juge. 

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Réseaux neutralisés

Les attaques de Mansourah et de Damous ont provoqué des ratissages de l’armée qui ont été fatals à plusieurs cadres de l’organisation terroriste. Selon la presse algérienne, la quasi-totalité des assaillants ont été localisés et éliminés trois jours après l’embuscade. Les rares survivants qui ont réussi à passer entre les mailles du dispositif mis en place ont été identifiés, puis arrêtés à la mi-août, soit près d’un mois après les faits, à… Annaba, à 300 km du lieu de l’at­taque. La filature a ­permis l’identification et la neutralisation de plusieurs réseaux de soutien logis­tique. Quant aux terroristes capturés vivants, nul doute que leurs « dépositions » seront très utiles aux limiers de l’antiterrorisme algérien.

À Damous, les salafistes n’ont pas été plus heureux. Sur la trentaine d’assaillants, six seulement seraient toujours en cavale. L’armée n’a pas limité ses opérations aux lieux des récentes embuscades, mais les a étendues à d’autres régions du pays. Le ratissage le plus meurtrier pour les troupes d’Abdelwadoud a eu lieu dans les Aurès, où AQMI a enregistré la perte de vingt-quatre combattants. D’autres phalanges salafistes ont été accrochées à Sidi Bel-Abbès, dans l’ouest du pays. Peu encline au triomphalisme, l’armée algérienne communique rarement sur ses opérations, d’où l’absence de bilan officiel. Selon des recoupements établis par la presse privée algérienne, AQMI aurait perdu cet été près d’une centaine de combattants armés. Soit 20 % de ses effectifs. 

Fatwas anti-djihad

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Et les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là pour Abou Moussab Abdelwadoud. Outre ces pertes, AQMI enregistre un net recul en matière de recrutement. Selon une enquête du journal arabophone Ennahar, très au fait des questions sécuritaires, le renouvellement des troupes d’AQMI a connu un sérieux tarissement. En cause, l’appel de théologiens du Golfe, qui ont décrété « illicite » le djihad en Algérie. Cette fatwa a été confortée par un appel lancé, début juillet, par deux grandes vedettes du salafisme à l’algérienne : Hassan Hattab, fondateur du GSPC, repenti depuis 2007, et Abderezak El Para, ancien émir du Sahel, aujourd’hui entre les mains des services de sécurité. Coups de boutoir de l’armée, fatwas hostiles de théologiens arabes, tarissement du recrutement et appels à la reddition. Pour Abou Moussab Abdelwadoud, l’été 2009 est un bien mauvais millésime.

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