Ils étaient douze, il n’en reste qu’un

Que sont devenus les membres du Conseil de commandement de la Révolution (CCR) qui renversèrent la monarchie en 1969 ?

Publié le 9 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Ils étaient douze jeunes officiers, presque tous capitaines, âgés de 27 à 29 ans, quand ils ont renversé, le 1er septembre 1969, sans rencontrer une grande résistance, une monarchie corrompue et chancelante, sous les yeux des Britanniques et des Américains, qui avaient chacun une base militaire dans le pays. Ils ont ensuite formé le Conseil de commandement de la Révolution (CCR). Quarante ans après, il ne reste plus autour de Kadhafi que trois compagnons élevés au rang de généraux, Mustapha Kharroubi, Khouildi Hamidi et Aboubakr Younes Jaber. 

Défections, accidents suspects, exécutions…

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Les huit autres membres du CCR – et un grand nombre des « quatre-vingts officiers libres » – sont passés à la trappe, ont été démissionnés, limogés ou exécutés. Abdesselam Jalloud, qui passait pour être le numéro deux du CCR, est en disgrâce depuis mai 1993. Premier ministre de 1972 à 1977, aussi bouillant que le « Guide », il a été progressivement marginalisé sur fond de luttes d’influence tribales (les Guedadfa de Kadhafi contre les Megarha de Jalloud), de désaccords sur la politique internationale et de positionnement en vue de la succession, alors que les enfants de Kadhafi grandissaient. Discrètement surveillé, il a depuis 2000 la possibilité de voyager.

Omar el-Mehechi a connu un sort plus tragique. Il a été exécuté en janvier 1984. À la mi-août 1975, suite à l’ébruitement d’une conspiration présumée avec deux autres membres du CCR, Béchir Hawadi et Awadh Hamza, et des « officiers libres », pour la plupart originaires comme lui de Mesrata, la troisième ville du pays, Mehechi s’enfuit en Tunisie. Bourguiba refuse de le livrer malgré l’insistance de Kadhafi. Mais au bout de six mois, il part s’installer en Égypte, puis plus tard au Maroc. El-Mehechi est condamné à mort par contumace par un tribunal militaire libyen avec vingt et un jeunes officiers, tous fusillés. À la fin de 1983, le Maroc le livre au « Guide » : un avion royal le transportant en Arabie saoudite pour le pèlerinage atterrit fort opportunément dans un aéroport libyen. En retour, Kadhafi cesse son soutien en armes et en argent au Polisario. Hawadi et Hamza ont purgé plusieurs années de prison, avant de décéder dans des conditions suspectes. Abdelmonem el-Houni, autre membre du CCR proche de Mehechi, qui se trouvait en mission ministérielle à l’étranger lorsque l’affaire éclata en 1975, n’est pas rentré en Libye. Las de sa vie d’opposant en exil pendant vingt-cinq ans, il a fini par se réconcilier avec le « Guide », qu’il représente actuellement auprès de la Ligue arabe, au Caire.

Mohamed Nejm et Mokhtar el-Guerwi ont été les deux premiers compagnons de Kadhafi à faire défection. Devant le refus de celui-ci de céder le pouvoir aux civils comme convenu avant le putsch, ils ont préféré démissionner en 1972. Ils sont décédés depuis. La même année, M’hamed el-Megarief s’est tué dans un accident de voiture dans des circonstances suspectes.

Les trois « survivants » du CCR dissous en 1977 et qui se sont résignés à vivre dans l’ombre du « Guide » tiennent des rôles de représentation. Le général Younes Jaber, ex-commandant en chef des armées, porte depuis les années 1970 le titre de secrétaire du Comité populaire provisoire de défense (secrétaire à la Défense). Mais l’armée est tenue par des généraux directement rattachés à Kadhafi, commandant suprême des forces armées. En semi-retraite, Kharroubi est réduit à une fonction de chef de protocole du chef suprême. Quant à Hamidi, il organise chaque année des compétitions de chevaux arabes pur sang et offre de temps à autre un étalon au « Frère Guide », constamment désigné devant les caméras de télévision comme le « cavalier des cavaliers libyens ». 

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