La Libye au quotidien

Les chiffres officiels donnent l’image d’un pays relativement prospère. En réalité, la richesse pétrolière est très inégalement répartie.

Publié le 7 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Les six millions de Libyens sont a priori parmi les mieux lotis en Afrique. En 2008, le revenu moyen par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) s’établissait à 15 600 dollars, selon la Banque mondiale. Statistiquement, sur le continent, la Libye vient après les Seychelles et le Botswana, et devance des pays maghrébins comme l’Algérie (7 940 dollars), la Tunisie (7 070 dollars) ou le Maroc (4 330 dollars). À cela près que la manne pétrolière ne profite qu’à une infime minorité tandis que la majorité des Libyens vivent dans le dénuement, avec comme seul filet de protection les subventions sur les produits de première nécessité. 

Entre 20 % et 30 % de chômeurs

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Selon l’ex-Premier ministre Chokri Ghanem, près de 180 000 familles vivent avec moins de 75 dollars par mois, soit, en fait, un cinquième de la population dans la pauvreté. Le taux officiel du chômage en 2009 s’élève à 20,7 %, mais d’autres sources crédibles parlent de 30 %. « Un dixième du peuple, des corrompus et des incompétents, s’est emparé de neuf dixièmes des richesses du pays ! », dénonce l’écrivain libyen Ramadan Jarbou.

Amira, institutrice dans la région de Benghazi, est amère quand elle raconte ce qu’elle voit autour d’elle : « Les familles dont les enfants travaillent dans le secteur public possèdent des commerces et roulent dans des voitures de luxe. Et puis, il y a les autres familles, rattrapées par la pauvreté, qui vivent dans l’angoisse et le chômage, et dont les enfants, même diplômés, ne trouvent pas d’emploi. Nos salaires sont payés avec retard. Des familles entières vivent dans des gourbis en l’absence de toute commodité et dans des conditions sanitaires déplorables, sans qu’un sauveur ne vienne les sortir de là. »

Les salaires (l’administration et le secteur public représentent 60 % des emplois) sont trop bas pour permettre au plus grand nombre de subvenir aux besoins élémentaires, estime l’universitaire Ayman Seif Ennasr, qui a réalisé une enquête sur un échantillon de familles, composées des parents et de quatre enfants. Le budget familial obtenu exclut toute dépense superflue comme l’achat de cigarettes ou des dépenses d’urgence comme l’évacuation sanitaire vers un hôpital tunisien – c’est souvent le cas vu la défaillance des services de santé en Libye. « Le minimum vital pour une famille est de 500 dinars libyens par mois (403 dollars) alors que le salaire moyen est de 200 dinars* », conclut Ennasr. 

* Le salaire minimum garanti a été fixé en 2007 à 250 dinars par mois.

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