Rupture à la gabonaise


Publié le 1 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

La voie de la démocratie n’est pas un long fleuve tranquille.

À l’heure où ces lignes sont écrites, c’est-à-dire avant le scrutin du 30 août, le Gabon bruisse de rumeurs : listes électorales contestées, fraude massive annoncée, vrais-faux électeurs, multiples sondages aux résultats fantaisistes, population qui retire ses sous des banques et se constitue des provisions au cas où… Le risque de dérapage est réel, les ingrédients d’un cocktail très inflammable réunis.

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Avec cette élection présidentielle, le pays de feu Omar Bongo Ondimba (OBO) a passé un véritable test. Principale attente exprimée : les Gabonais veulent se réapproprier leur vie politique, choisir leur chef, en toute transparence. Plus que l’identité du vainqueur, c’est le déroulement du scrutin, observé avec attention par toute l’Afrique, qui cristallise les inquiétudes. Comme souvent sur le continent, c’est l’après-élection – le lendemain mais aussi les semaines qui suivront – qui fera pencher la balance. La moindre étincelle peut mettre le feu à l’ex-émirat d’Afrique centrale.

Le comportement des différents candidats n’incite pas à l’optimisme. Face au front « anti-Ali », les affidés du candidat du PDG ont rivalisé de zèle pour obtenir les grâces de celui qu’ils espéraient voir succéder à son père. Tracasseries en tout genre et bassesses administratives se sont abattues sur ses adversaires et leurs soutiens. Certains journalistes, présumés pas assez gentils avec leur poulain, se sont vu refuser le précieux sésame obligatoire pour couvrir l’élection, la fameuse accréditation. Dans le camp – éclaté – d’en face, guère plus de sérénité : les pseudo-alliances ont volé en éclats, les champions de la fraude sous Bongo père, candidats contre le fils, jurent la main sur le cœur qu’on ne les y reprendra plus, mais ont seriné en boucle que si Ali gagnait, ce ne pouvait être qu’en trichant. Et ont fait passer le message que, dans un tel cas de figure, les Gabonais ne se laisseraient pas faire. Bref, soit on gagne, soit ça va chauffer… Voilà assurément de quoi attiser les braises de la violence. Le Gabon ne mérite-t-il pas mieux qu’une classe politique sclérosée, qui ne craint qu’une chose : être sevrée du pouvoir et des privilèges qu’Omar Bongo savait si bien distribuer ? Ces candidats qui vont à l’élection comme à la foire d’empoigne n’avaient-ils pas d’autres messages à faire passer ? Qui, d’ailleurs, en dehors de Pierre Mamboundou, peut se targuer de ne jamais avoir nagé dans le marigot Bongo ? Lequel de ces crocodiles peut dire, en regardant les Gabonais dans les yeux : « Votez pour moi, c’est le changement garanti » ? Aucun, c’est bien le problème.

Quel que soit l’heureux élu, une certitude : le plus dur commencera pour lui. On peut tout promettre pendant une campagne : le développement, le partage des richesses, des routes, des écoles, des hôpitaux, des bourses pour les étudiants, la rupture, etc. On peut critiquer ses adversaires, les dénigrer, menacer de sortir les dossiers. Chacun des principaux candidats a quelque chose à se faire pardonner. Et, quoi qu’il arrive, le vainqueur ne disposera pas d’une majorité, loin s’en faut, pour diriger le pays. Après les promesses, et les règlements de comptes, il sera toujours temps de s’arranger ? Oui. Hélas pour les Gabonais… 

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