Supporteur, un coeur à rude épreuve

Professeur de cardiologie, diplômé de médecine sportive

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  • Edmond Bertrand

    Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan, membre correspondant de l’Académie française de médecine

Publié le 27 août 2009 Lecture : 2 minutes.

Notre cœur se contracte (il « bat ») normalement 60 à 70 fois par minute pour propulser le sang dans les artères du corps. La nuit, il ralentit jusqu’à 50 battements par minute (bpm) environ. Dans certaines circonstances (efforts, émotions) il peut atteindre 100 bpm ou plus. Les battements normaux sont régulièrement séparés par un même espace de temps et sont contrôlés par le système nerveux. Qu’en est-il du cœur des supporteurs lors d’un match ?

Chez beaucoup, le système nerveux est surexcité et déséquilibré : avant, pendant et après les matchs, le cœur en subit les conséquences. Environ trente minutes avant le début de la compétition, il s’accélère. Pendant le match, il peut atteindre des paroxysmes, à 150, 160, voire 180 bpm, dépassant parfois le maximum obtenu lors des épreuves d’effort effectuées en laboratoire de sport ! L’accélération est en moyenne de 35 bpm pour un penalty, de 42 bpm au cours de l’action et de 48 bpm après un but.

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En outre, les battements peuvent devenir irréguliers (extrasystoles, arythmie) et des malaises peuvent se produire. Chez les supporteurs au cœur sain, le retour au rythme normal s’effectue en une heure environ (du moins si l’excitation, évidemment, n’est pas entretenue par des beuveries, des conflits, des bagarres…). Les troubles du rythme peuvent se reproduire la nuit suivante entre 3 et 5 heures du matin : le rythme peut s’accélérer très fortement et devenir irrégulier pendant le sommeil, même sans avoir précédemment fait d’efforts physiques ou sexuels. Ce phénomène semble traduire une hyperactivité cérébrale comparable à celle que l’on enregistre dans les cauchemars. Les supporteurs « revivent » le match. Et plus encore les entraîneurs : 40 % d’entre eux subissent ces troubles nocturnes.

Les troubles cardiaques dus au stress peuvent entraîner la mort subite par arythmie et élévation de la pression artérielle. C’est dire que les malades cardiaques ou hypertendus doivent être prudents. C’est dire aussi que chaque stade doit être doté de défibrillateurs automatiques pour éviter la mort d’un spectateur, ou d’un joueur. Assister aux matchs, c’est bien, mais se laisser gagner par la passion, c’est dangereux. À bon entendeur…

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