Courrier des lecteurs

Publié le 1 septembre 2009 Lecture : 4 minutes.

Question de principe

– À la lecture de votre article sur la campagne électorale gabonaise qui, comme vous le dites, commence à Paris (J.A. n° 2534), une chose m’horripile. C’est de voir à quel point la plupart des politiciens des pays africains francophones demeurent enfermés dans une relation d’attirance-répulsion vis-à-vis de la France. Ils accusent l’Hexagone d’ingérence lorsqu’un sous-fifre de l’Élysée ou de Matignon émet ouvertement un avis critique sur la gestion de nos affaires, mais ils y courent se faire adouber par le président français. Voudraient-ils lui reconnaître aussi de facto la souveraineté sur nos États qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

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On commande volontiers des sondages d’opinion aux officines françaises et on s’extasie sur les résultats lorsqu’ils sont favorables au pouvoir en place, mais on parle de manœuvres de déstabilisation quand un seul journaliste indépendant pond, même dans un canard de province, un article peu laudateur sur un président africain. Cela devient une affaire d’État avec les ministres de la Communication et des Affaires étrangères, qui montent au créneau, vite relayés par diverses associations de thuriféraires du pouvoir issus de la société dite civile. Seule la couronne chérifienne fait preuve de dignité en interdisant la diffusion, au Maroc, d’un sondage qui lui donne pourtant des pourcentages de sympathie staliniens. Question de principe, dit-on.

Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

Bongo Ondimba est mort, vive Bongo Ondimba !

– En lançant : « Bongo Ondimba est mort, vive Bongo Ondimba », j’affirme que le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) survivra à son fondateur (malgré le départ de certains de ses membres) et procédera à la simple perpétuation du « système Bongo ». C’est dans ce sens que j’avais signifié ma ferme décision de ne pas voter (J.A. n° 2534). Non par indifférence, mais parce que ma perception de la future élection est limpide et objective, d’autant qu’elle tient compte du désir ardent et profond d’une majorité de Gabonais à ne pas voir le fils Bongo à la tête du pays.

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Le dilemme est kafkaïen. Soit l’on ne vote pas pour refuser de donner sa caution à une monarchie de fait. Soit l’on vote, mais l’élection est truquée et la monarchie s’installe quand même. Selon des amis, la question mérite néanmoins d’être examinée autrement : préfère-t-on vivre avec le sentiment que son vote a été volé (et que l’on est, par conséquent, non responsable de l’installation de la monarchie) ou vivre avec le sentiment que son suffrage a peut-être manqué – si l’élection se révélait finalement serrée ?

De mon point de vue, il est responsable de ne pas aller voter. C’est le seul moyen de vivre sans regrets, même si se faire voler son vote exonère de toute responsabilité dans une mascarade électorale. Ma conscience politique me fait dire que j’ai entièrement raison dès lors que le combat est inégal. La « société gabonaise de cour » au pouvoir est dans la logique du gouvernement perpétuel. Qu’on le souhaite ou non, Ali Bongo Ondimba sera élu. Il n’aura besoin que d’environ 50 000 voix (6 % des suffrages) pour remporter cette élection. Comme chacun sait, le Gabon est peuplé majoritairement de jeunes (à 60 %). Or les listes électorales montrent le contraire (40 % de jeunes). Cherchez l’erreur…

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Patrice Moundounga Mouity, politologue et essayiste, Bordeaux, France

Congo-Brazza : penser l’après-présidentielle

– En ce qui concerne le Congo, les « réalisations » dont se targue le régime en place font sourire. Si c’est tout ce que le Congo a pu réaliser en douze ans de pouvoir, j’ai peur pour les sept années à venir. Des expressions comme « un pays entièrement reconstruit » sont proprement insultantes. Le moindre déplacement en voiture de la capitale vers n’importe quel coin du pays est un calvaire. L’électricité n’est toujours pas au rendez-vous, l’eau non plus. Le réseau téléphonique est d’une défectuosité incroyable. Internet est un luxe, un mirage pour plus de 99 % de mes compatriotes. Arrêtons là, la liste est trop longue. Il ne se passe rien de grandiose dans ce pays, si ce n’est des travaux de maçonnerie qu’un acteur du BTP de l’Ouest africain aurait pu réaliser en une année.

Quant aux opposants à M. Denis Sassou Nguesso, je suis au regret de constater que pas un n’émerge du lot. Leurs critiques se cantonnent à des slogans avec des mots comme « pétrole, bois, dictature », des mots que même un enfant de 7 ans peut pérorer à longueur de journées. Il est plus que temps de penser à ce qui va désormais se passer après cette élection présidentielle du 12 juillet dernier. Sinon, en 2016, on en sera encore aux mêmes plaintes. Nos enfants et petits-enfants seront là pour nous le rappeler.

Obambé Gakosso, Gisors, France

Socialistes français en déroute

– On ne récolte que ce que l’on a semé. Le Parti socialiste français se lamente après les résultats désastreux aux élections européennes, alors que ses dirigeants avaient eux-mêmes organisé ce fiasco, comme lors de l’élection présidentielle de 2007. Voilà ces derniers repartis pour un énième chamboulement interne, quand persiste chez eux un manque déplorable de pragmatisme. Comment voulez-vous convaincre les électeurs avec une campagne médiocre, sans chef de file, sans ouverture, avec des slogans dépassés et vides de sens comme « Changeons l’Europe maintenant », sachant que le scrutin se joue à un tour ? Les socialistes doivent maintenant réfléchir sur leur façon de faire de la politique s’ils veulent un jour revenir au plus haut sommet de l’État.

Paul Nibasenge N’kodia, Paris, France

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