Sur les écrans, rien de nouveau

Incapable de se structurer et de développer une véritable industrie cinématographique, le septième art africain souffrait bien avant le début de la crise.

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Publié le 1 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

La crise financière internationale affecte-t-elle le cinéma africain ? La question fait sourire le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako : « Pour qu’une crise de cette nature ait un impact sur le cinéma du continent, il faudrait qu’il existe une véritable industrie du septième art. Or ce n’est pas le cas. Les films ne sont pas financés localement et la production reste très pauvre. » Tous les spécialistes du secteur sont unanimes, le cinéma africain souffrait bien avant que ne débute la crise internationale. Fermeture massive des salles, absence de réseaux de distribution, concurrence du piratage : sur le continent, dans le Nord comme dans le Sud, le secteur peine à se professionnaliser.

Peut-on craindre que la crise internationale ne serve de prétexte à la diminution des budgets de la culture ou à la réduction des fonds d’aide au cinéma ? Pour Sissako, le danger est latent, d’autant que la production africaine manque de véritable soutien. « Les aides de l’Union européenne, par exemple, ont commencé à baisser bien avant la crise parce que, en face, il n’y a pas de gouvernements capables de définir de véritable politique culturelle. »

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« Effet domino »

Il est vrai que la période n’incite pas à la prise de risques, et les producteurs se montrent plus frileux. « En même temps, la crise n’a pas provoqué ici le même choc psychologique qu’en Occident, car nous vivons dans une crise permanente », relativise Sissako. Mais le cinéma s’inscrit dans une dynamique et l’Afrique n’est pas à l’abri d’un dangereux « effet domino » : quand des télévisions en France décident de moins investir, que les producteurs peinent à trouver des financements, ils se replient généralement sur des projets commerciaux au détriment d’œuvres africaines moins accessibles à un large public.

Autre domaine dans lequel le cinéma africain risque de payer le prix de la crise : celui de la formation. Beaucoup d’étudiants africains suivent des cursus de cinéma, presque tous dans leur pays, grâce à des bourses européennes. Si ces budgets devaient se réduire, ce serait une perte sèche de talents pour tout un continent.

Dans les pays où le cinéma commence néanmoins à se développer, les impacts de la crise ne se sont pas fait sentir. « Au Maroc, il y a certes une production nationale en constante augmentation, mais il n’y a pas pour autant d’économie de marché du cinéma. Nous avons donc été plutôt épargnés par la crise mondiale », explique Nabil Ayouch, le patron d’Ali n’ Productions. Pas question non plus pour le producteur de privilégier les comédies ou les films commerciaux, qui attirent plus en période de morosité économique. « Si l’on fait du cinéma, c’est avant tout par passion », ajoute-t-il.

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D’ailleurs, Sissako précise que, crise ou non, la famille du cinéma sait se montrer solidaire. À Cannes, le réalisateur n’a pas eu de difficultés à récolter des soutiens financiers pour son association Des cinémas pour l’Afrique, qui a pour mission la rénovation et l’ouverture de salles de cinéma sur le continent. 

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