Beaucoup de bruit pour rien

Pendant quelques jours, les deux pays ont semblé au bord de la guerre. Fausse alerte !

ProfilAuteur_JeanMichelAubriet

Publié le 28 août 2009 Lecture : 2 minutes.

Priés par le président Rafael Correa d’évacuer la base militaire mise à leur disposition à Manta, en territoire équatorien, les États-Unis se sont promptement rabattus sur la Colombie. Ils n’avaient guère le choix, tant l’anti­américanisme est fort en Amérique du Sud. Le 15 juillet, le président Alvaro Uribe a donc annoncé que, pour renforcer la lutte contre le trafic de drogue et les diverses guérillas régionales, sept bases seront concédées aux forces américaines, dont les effectifs passeront de 300 à 800 hommes. Avait-il sous-estimé la réaction de ses voisins les plus radicaux, Venezuela, Équateur et Bolivie ?

Celle-ci a été très virulente. Hugo Chávez, leur chef de file, a aussitôt annoncé une réduction drastique des échanges commerciaux avec la Colombie (notamment des livraisons de pétrole à tarifs préférentiels), dénoncé une incursion présumée sur son territoire de militaires venus de l’autre rive de l’Orénoque et claironné son intention d’acheter aux Russes deux ou trois bataillons de tanks dernier cri pourvus de systèmes de vision nocturne (il s’est déjà procuré auprès des Chinois des radars antiaériens). Le président vénézuélien ayant appelé « le peuple et les forces armées » à se tenir « prêts au combat », la perspective d’une guerre s’est soudain rapprochée.

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S’agissait-il d’un coup de bluff ? Probable. Car Chávez n’ignorait pas l’hostilité des modérés, Brésiliens et Argentins en tête, à un renforcement de la présence militaire américaine sur le sous-continent, mais, en même temps, leur désir d’éviter à tout prix un conflit armé. Il espérait que leur médiation déboucherait sur un compromis qui lui soit globalement favorable.

Et c’est ce qui s’est passé. Une réunion de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) s’est tenue le 10 août à Quito, en Équateur, en l’absence d’Uribe. Le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a demandé que les éventuelles interventions américaines soient strictement limitées au territoire colombien, position qui a recueilli un large assentiment. Un sommet de l’Unasur se tiendra avant la fin de ce mois, sans doute en Argentine. Tout devrait rapidement rentrer dans l’ordre. Jusqu’à la prochaine fois.

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