La belle et les soudards
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Lors des législatives de 1990, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), son parti, avait raflé la majorité des sièges, avant de se faire voler la victoire par la junte militaire au pouvoir. Depuis, l’opposante birmane Aung San Suu Kyi (64 ans), Prix Nobel de la paix 1991, a passé au total quatorze années en prison. Et ce n’est pas fini.
Le maintien en résidence surveillée à laquelle elle était soumise depuis 2003 était censé s’achever en mai. Au début de ce même mois, la rocambolesque irruption à son domicile d’un ressortissant américain nommé John Yettaw – il avait préalablement traversé le lac de Rangoon à la nage ! – a été assimilée par les autorités à une violation des règles de son assignation à résidence.
À la prison d’Insein, le procès d’Aung San Suu Kyi a duré trois mois. Le 11 août, en présence de représentants de la presse internationale, preuve que l’opération a été montée avec soin, le tribunal a rendu son verdict : trois ans de réclusion et de travaux forcés, peine aussitôt commuée, dans son infinie bonté, par le général Than Shwe, chef de la junte, en 18 mois de résidence surveillée. Yettaw a pour sa part été condamné à sept ans de prison, dont quatre de travaux forcés. L’une et l’autre avaient l’intention de faire appel, mais l’essentiel n’est pas là.
Sauf dans l’hypothèse, bien improbable, où le premier jugement serait cassé, l’opposante ne sera pas autorisée à participer aux législatives que les soudards de Rangoon ont prévu d’organiser l’an prochain. Dans ces conditions, la consultation prendra forcément des allures de farce.
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