Un plan pour les Kurdes

Est-ce la fin d’un conflit vieux de vingt-cinq ans ? Le gouvernement s’y emploie, l’armée renâcle et les ultranationalistes crient à la trahison.

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 1 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Le 9 août à Sirnak et près de Hakkari (Sud-Est anatolien), une centaine de mères s’étreignent en pleurant, unies dans la douleur pour réclamer la paix. Elles ont perdu un fils dans cette sale guerre qui, entre 1984 et 1999, a fait plus de 36 000 morts : 5 000 militaires turcs et au moins 30 000 Kurdes, combattants du PKK ou victimes collatérales de la haine. Malgré l’arrestation du leader séparatiste Abdullah Öcalan, en 1999, attentats et embuscades se sont poursuivis sans qu’aucune solution n’ait été apportée pour garantir de véritables droits politiques à cette minorité de 12 à 15 millions de personnes.

L’annonce, le 29 juillet, d’un plan gouvernemental pour régler la « question kurde » – jusqu’ici qualifiée de « terroriste » – a fait naître l’espoir. Le 1er août, une table ronde a réuni des intellectuels et des responsables politiques kurdes. Le 5, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a rencontré Ahmet Türk, le président du DTP – une première depuis l’entrée de ce parti kurde au Parle­ment, en 2007. L’objectif est d’exclure Öcalan du processus. Considéré comme un « tueur d’enfants » par une majorité de Turcs, ce dernier a en effet promis depuis sa prison, où il purge une peine de réclusion à perpétuité, de divulguer son propre plan le 15 août, à l’occasion du 25e anniversaire du déclenchement de la lutte armée.

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Fort de son rapprochement spectaculaire avec les Kurdes d’Irak, le gouvernement tente de gagner à sa cause ceux de Turquie, séduits par son islamo-conservatisme, et entend poursuivre les réformes démocratiques prônées par l’Union européenne. Il en va de sa survie.

La partie est serrée. Déjà, les partis d’opposition ultranationalistes, mais aussi socialistes, crient à la trahison. Et l’armée, qui instrumentalise le conflit pour asseoir sa domination politique et dont certaines unités sont impliquées dans la disparition non élucidée de plusieurs centaines de personnes dans le Sud-Est, pose ses conditions. Avec son aval, le gouvernement pourrait amnistier les repentis qui acceptent de coopérer avec les forces de sécurité et rendre aux milliers de Kurdes réfugiés en Europe la nationalité dont ils ont été déchus en raison de leurs liens avec le PKK, à condition qu’ils n’aient pas de sang sur les mains.

Il pourrait aussi libéraliser l’usage et l’apprentissage de la langue kurde, restituer leurs noms d’origine à des lieux qui avaient été « turquisés » et investir 12 milliards de dollars sur cinq ans dans la région pour y faire reculer la pauvreté et le chômage (60 % à Diyarbakir, la grande ville du Sud-Est), qui font le lit du séparatisme.

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