Staline à Téhéran

La médiatisation et le déroulement du « procès de la révolution de velours » illustrent une inquiétante tendance du pouvoir à la dérive paranoïaque.

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 31 août 2009 Lecture : 1 minute.

Après les manifestations et la répression, les règlements de comptes ? Les partisans du président « mal élu », Mahmoud Ahmadinejad, ne désarment pas et, tout à leur thèse d’une « révolution de velours planifiée et orchestrée depuis l’étranger », réclament désormais la comparution en justice des trois leaders de l’opposition réformatrice. Le 9 août, alors que s’était ouvert depuis quelques jours, devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, le procès-fleuve de dizaines d’activistes accusés de participation à un complot occidental, Yadollah Javani, le chef des Gardiens de la Révolution, a exigé l’arrestation de Mir Hossein Moussavi et de Mehdi Karoubi, les deux candidats réformateurs malheureux, et de l’ancien président, Mohamed Khatami, présentés comme les inspirateurs des violences postélectorales.

Des menaces qui ne seront peut-être pas suivies d’effet, mais qui ont valeur d’avertissement. Le pouvoir accentue ainsi la pression sur les opposants ­ – qui ont boycotté la prestation de serment d’Ahmadinejad –, pour les forcer à abandonner le combat contestataire. La médiatisation et le déroulement du « procès de la Révolution de velours », aux allures de procès stalinien, illustrent une inquiétante tendance à la dérive paranoïaque, perceptible dans les cercles proches des gardiens de la révolution. Quatre hauts responsables du ministère du Renseignement, dont le chef du contre-espionnage, pourtant réputé proche du Guide Ali Khamenei, ont été limogés par Ahmadinejad. Une purge qui fait suite au renvoi, il y a quelques jours, du ministre lui-même, qui avait émis des doutes sur la théorie du complot…

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Mais les excès des ultras commencent à faire grincer des dents, y compris dans les milieux très conservateurs et au Majlis. Les parlementaires ont été choqués d’apprendre les sévices infligés à Mohsen Ruholamini – fils d’un proche collaborateur de Mohsen Rezaie, le troisième candidat battu à la présidentielle –, arrêté pendant les manifestations et mort pendant sa détention. Khamenei, pour calmer le jeu, a fait arrêter le directeur du centre de détention de Kahrizak et trois policiers tortionnaires, et ordonné la fermeture de l’établissement.

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