Six journalistes en prison
En Afrique, critiquer un chef d’État peut se révéler un outrage très cher. C’est le cas en Gambie, où Yahya Jammeh, homophobe militant, « inventeur » d’un traitement miracle contre le sida, au pouvoir depuis 1994, n’a guère apprécié que le Syndicat de la presse gambienne (GPU) lui reproche des « propos déplacés » quant à l’assassinat, en 2004, de Deyda Hydara, rédacteur en chef du Point, correspondant de l’Agence France Presse et de Reporters sans frontières. Alors que l’enquête sur la mort de cet opposant au régime ne progresse pas, Jammeh avait conseillé aux journalistes de « demander à Deyda Hydara qui l’avait tué ». Pour s’être offusqués d’un tel mépris, six journalistes, dont trois hauts responsables de la GPU, ont été reconnus coupables, le 6 août, de « diffamation » et de « publication séditieuse ». Condamnés à deux ans de réclusion ainsi qu’à des amendes – 20 000 dollars chacun –, ils sont aujourd’hui dans la prison d’État Mile Two. Parmi eux, il y a une jeune maman. L’Union européenne ainsi que plusieurs organisations internationales ont protesté. Pour le moment, en vain.
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