Les intellectuels partis aux Etats-Unis
Historiens, politologues, philosophes… les chercheurs africains en sciences sociales sont de plus en plus nombreux à être recrutés au sein des universités américaines (voir J.A. n° 2520-2521). Au sein de l’une des plus prestigieuses d’entre elles, Columbia à New York, trois Sénégalais s’y distinguent. En 2002, après avoir obtenu un doctorat à l’Institut politique de Paris et occupé plusieurs postes d’assistant, notamment à Yale, le politologue Ousmane Kane, spécialiste des relations internationales et du monde musulman, est embauché par l’Institut d’études africaines, qui sera dirigé à partir de 2007 par l’historien Mamadou Diouf. Auteur de plusieurs travaux sur l’histoire coloniale de son pays et les transitions démocratiques, Diouf s’est installé dès 1999 aux États-Unis, où il enseigne alors à l’université du Michigan. En 2008, le philosophe Souleymane Bachir Diagne rejoint ses deux compatriotes. Après avoir fait carrière pendant plus de vingt ans à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ce spécialiste de l’islam (Comment philosopher en islam ?, éditions du Panama, 2008) s’envole en 2002 pour Chicago, où il enseigne à l’université Northwestern jusqu’en 2007.
Plus au sud, le Camerounais Jean-Godefroy Bidima, directeur de programme au Collège international de philosophie à Paris, spécialiste d’esthétique et de l’école de Francfort (Théorie critique et modernité négro-africaine, Publications de la Sorbonne, 1993), s’est installé en 2002 à La Nouvelle-Orléans, où il occupe la chaire Yvonne Arnoult d’études francophones à l’université Tulane. Également philosophe mais aussi poète et romancier de renom, le Congolais (RD Congo) Valentin Y. Mudimbe, 68 ans, s’est quant à lui exilé aux États-Unis dès 1980. Aujourd’hui citoyen américain, il enseigne à l’université Duke, où il poursuit ses travaux sur la phénoménologie et l’étude des mythes africains, et travaille à la rédaction d’une encyclopédie sur la philosophie et les religions africaines.
