Récompenses et compétences

Publié le 31 août 2009 Lecture : 2 minutes.

Cinq femmes et sept Négro-Africains : attendu comme le premier acte d’une rupture maintes fois promise, le gouvernement nommé par Mohamed Ould Abdelaziz le 11 août, près d’un mois après son élection, rompt avec les vieilles habitudes. D’ordinaire prises comme alibi pour mieux cacher l’absence de mixité, les femmes obtiennent cette fois quelques portefeuilles stratégiques, comme les Affaires étrangères et la Fonction publique. Il en va de même pour les Négro-Africains, représentés notamment aux Finances, à l’Équipement, à la Modernisation de l’administration et au Secrétariat général de la présidence. Une nouveauté dans une société où le pouvoir politico-économique a toujours été l’apanage de la communauté arabo-berbère.

« C’est un gouvernement progressiste », estime Mohamed Fall Ould Oumère, rédacteur en chef de l’hebdomadaire La Tribune. Il en veut pour preuve que Naha Mint Mouknass, députée et chef de l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP), devient la première femme à diriger la diplomatie d’un pays arabe. À 40 ans, cette ancienne conseillère de Maaouiya Ould Taya (au pouvoir de 1984 à 2005) suit les traces de son père, Hamdi Ould Mouknass, détenteur du même portefeuille entre 1968 et 1978, et dont les Mauritaniens se souviennent comme d’un « grand ministre » des Affaires étrangères

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Proche de la Libye, Naha Mint Mouknass se voit aussi récompensée pour avoir aidé au rapprochement de Mohamed Ould Abdelaziz avec Mouammar Kadhafi au lendemain du coup d’État du 6 août 2008, époque où « Aziz », chef d’une junte et général putschiste, était en quête de soutiens extérieurs.

Nouvelles têtes

Eux aussi récompensés, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa et Mohamed Ould Boilil, nommés respectivement à l’Industrie et à l’Intérieur. Tous deux membres du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), ils avaient, après le coup d’État, rejoint le clan d’Aziz contre l’avis de leur parti, lui apportant ainsi une légitimité.

Les critères de compétence n’ont pas pour autant été négligés, en particulier dans l’équipe économique. Diplômé de l’École polytechnique de Paris, Ousmane Kane, ministre des Finances, dirigeait jusqu’à présent la Société nationale industrielle et minière (Snim). Il partage une réputation de bon gestionnaire avec Ahmed Ould Moulaye Ahmed, ministre de l’Énergie et ancien patron de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).

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Si Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le Premier ministre nommé en 2008, a été reconduit, la plupart des membres de son gouvernement sont nouveaux dans le paysage politique. « On s’attendait à une équipe politiquement plus forte », observe un haut fonctionnaire. Ould Abdelaziz compte-t-il former ses propres hommes ? Il n’a en tout cas pas ouvert son gouvernement à l’opposition, comme le lui avaient conseillé les diplomates au lendemain de son élection.

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