Mea culpa chinois
Pékin à confesse. L’initiative est suffisamment rare pour être saluée. Après un premier mea culpa international sur la dangerosité de certains de ses jouets, le gouvernement chinois vient de reconnaître officiellement que son industrie est impliquée dans la fabrication d’antipaludéens contrefaits et portant la mention « made in India ».
C’est au Nigeria que le scandale a éclaté, en juin dernier. L’Agence nationale de contrôle de la distribution de nourriture et de médicaments (Nafdac) annonce alors que d’importantes quantités de médicaments contrefaits circulant dans le pays sont d’origine chinoise et portent abusivement le label indien. Mahesh Sachdev, le haut-commissaire pour l’Inde à Abuja, indique qu’il paraît « improbable qu’il s’agisse d’un incident isolé » et qu’il n’y a « pas de raison pour que le Nigeria soit le seul pays à importer de tels produits ».
Soucieux de la réputation de son importante industrie pharmaceutique, dont le chiffre d’affaires annuel s’élève à près de 15 milliards d’euros, New Delhi demande des explications à Pékin, qui finit par plaider coupable.
Entre les deux superpuissances asiatiques, l’affaire a pris un tour d’autant plus venimeux que l’Inde accuse déjà régulièrement les industriels chinois d’utiliser le même procédé dans l’industrie textile. Dans le monde, près d’un médicament sur trois serait contrefait. Et les faux antipaludéens seraient responsables, chaque année, de près de 200 000 décès. En 1995, au Nigeria, 2 500 enfants sont morts après qu’on leur a administré un faux vaccin contre la méningite.
Prenant acte de l’ampleur du phénomène, la fondation dirigée par Jacques Chirac a fait de la lutte contre ce trafic l’une de ses priorités. L’ancien président français devrait lancer un appel à la mobilisation internationale « pour l’accès à des médicaments de qualité » le 12 octobre, à Cotonou (Bénin).
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