Un chef, beaucoup de prétendants

Publié le 1 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

À deux ans et demi de la présidentielle de février 2012, le Sénégal grouille d’intrigues et de manœuvres. L’âge du capitaine – 83 ans – n’est sans doute pas pour rien dans cette effervescence. Du haut de son fauteuil présidentiel, Abdoulaye Wade multiplie dans l’ombre les initiatives pour que l’unité de sa famille politique sorte intacte des querelles de ses héritiers potentiels

Quand il reçoit, le 18 juillet, Idrissa Seck, son ex-homme de confiance, emprisonné pour de présumées malversations financières, innocenté et finalement revenu en grâce, il tente de le réconcilier avec son fils et conseiller, Karim Wade. « Vos malentendus se dissiperont avec le temps, lui promet-il. Certains ont réussi à faire croire à Karim qu’une fois au pouvoir vous essaieriez de vous attaquer à lui. »

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« Ma religion et ma culture m’interdisent de nuire à un membre de votre famille. Compte tenu de notre passé commun, les Sénégalais ne comprendraient pas que j’agisse de la sorte », répond Seck.

Si le chef de l’État semble convaincu, ce n’est pas le cas de son fils et encore moins de Viviane, son épouse. La première dame apparaît comme le plus farouche adversaire de la réintégration d’Idrissa Seck au Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir). Si la famille Wade, les animateurs de la Génération du concret (le mouvement de Karim) et ses nombreux ennemis au sein de l’appareil s’opposent à son retour au PDS, Seck n’en continue pas moins à se croire investi de la mission de perpétuer le pouvoir libéral.

Il ne s’en est pas caché au chef de l’État : « Je suis le mieux placé pour vous succéder. J’attends de vous un soutien total. Si notre famille politique devait être divisée en courants, comme certains le suggèrent, je dirigerais celui que vous auriez choisi comme étant le vôtre. » Avant d’ajouter : « Si nous voulons conserver le pouvoir, nous n’avons d’autre choix que de nous rassembler. Vous êtes passé de 1,9 million de voix en 2007 à 900 000 en 2009. Mon plus grand chantier consiste à empêcher Macky Sall de basculer dans l’opposition radicale. Il va emporter avec lui au moins 100 000 voix. Ce qui risque de nous être fatal en 2012. »

Premier ministre d’avril 2004 à juin 2007, puis président de l’Assemblée nationale avant d’être évincé du perchoir par une réforme constitutionnelle, Macky Sall ne veut « plus rien avoir à voir avec Wade ». « J’ai décidé de suivre ma propre voie », a-t-il confié à Seck. Lequel a insisté : « Ce n’est pas parce que Sarkozy s’était brouillé avec Chirac qu’il a pris ses distances avec l’UMP et ses électeurs. »

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Si le retour de Sall n’est pas encore à l’ordre du jour, l’intéressé ne ferme pas totalement la porte au dialogue. Un de ses proches, Mahmoud Saleh, poursuit ainsi les discussions avec Youssou Diagne, numéro deux de Rewmi, le parti créé par Seck au lendemain de son exclusion de la formation présidentielle, en juillet 2005.

Idrissa Seck n’est pas le seul à tenter de faire revenir Macky Sall dans « la maison du père ». Souleymane Ndéné Ndiaye, le Premier ministre, Iba Der Thiam, leader de la Cap 21 (coalition de partis de la mouvance présidentielle) et le marabout Serigne Modou Kara Mbacké ont entrepris des démarches analogues. Sans succès jusqu’ici.

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Pour l’heure, celui qui a créé l’Alliance pour la République (APR) à la suite de sa démission forcée du PDS travaille à la constitution d’une large coalition regroupant des responsables politiques qui, pour être de second plan, n’en sont pas moins tout à fait crédibles. Il cherche à rassembler autour de sa candidature Cheikh Bamba Dièye (leader du FSD-Bj, fraîchement élu maire de Saint-Louis), l’imam Mbaye Niang (député et président du Mouvement de la réforme pour le développement social), Ndéye Fatou Touré (députée et égérie du mouvement Tekki). Et, aussi, à récupérer certains éléments du parti présidentiel marginalisés et mécontents : Aminata Lô Dieng, l’ancienne ministre des Sénégalais de l’extérieur, et Aminata Tall, ex-ministre des Collectivités locales et ancienne maire de Diourbel.

Comme si ce puzzle n’était pas suffisamment complexe, le très politique Abdoulaye Wade semble lui-même ne pas avoir arrêté son choix sur celui qu’il aimerait voir lui succéder. Diverses personnalités (Djibo Kâ, Ousmane Ngom, Souleymane Ndéné Ndiaye…) ont même cru comprendre qu’il les aiderait à s’emparer du fauteuil présidentiel. Pourtant, le chef de l’État n’a pas définitivement écarté l’hypothèse de rester au pouvoir : il a mis en place une cellule secrète chargée d’étudier la question de sa candidature en 2012.

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