Les financiers au secours de l’école

Bon niveau de rentabilité et impact social positif : l’enseignement privé supérieur, mais aussi primaire et secondaire, éveille l’intérêt des financiers.

On peut s’attendre à un retour de 20% des sommes investies.

On peut s’attendre à un retour de 20% des sommes investies.

Publié le 9 mai 2013 Lecture : 4 minutes.

L’essor de la classe moyenne rebat les cartes en matière d’éducation. Du primaire au supérieur, l’aspiration à un enseignement de qualité dope le développement d’une offre éducative privée. Une toile de fond idéale pour les capital-investisseurs, qui entendent bien tirer profit du potentiel africain – une demi-douzaine d’entre eux financeraient déjà des établissements sur le continent. Demande locale, performances de l’institution, programmes de qualité, employabilité des étudiants sont autant de critères qui orientent la décision d’investissement. « C’est indéniablement une tendance nouvelle, estime Sofiane Lahmar, associé chez Development Partners International (DPI), qui compte deux projets dans ce champ. C’est un secteur qui nous intéresse clairement : il correspond à nos stratégies d’investissement et a un impact en termes de développement. » Ce que confirme Jarl Heijstee, associé directeur de XSML, un gestionnaire de fonds d’investissement impliqué en Afrique centrale à travers plusieurs projets.

« Nous répondons à un besoin de base : une éducation de qualité à des prix accessibles [frais moyens de 12 dollars par mois, soit 9,20 euros, NDLR]. En République démocratique du Congo, nous avons constaté que les écoles attiraient plus d’élèves que prévu : cela indique le manque de structures offrant une éducation de bon niveau et à un coût abordable dans le pays ainsi que la volonté des parents de payer pour un tel enseignement. » Via son fonds Central Africa SME, XSML a consacré 400 000 dollars à l’extension d’un groupe scolaire qui compte désormais quatre écoles et pas moins de 4 000 élèves à Lubumbashi. Le fonds a aussi soutenu la création d’un établissement à Kinshasa et d’une école primaire et secondaire dans la province du Katanga. En Centrafrique, XSML va investir dans un institut qui accueillera les élèves de la maternelle à la terminale. Pour ces différents projets, la mise est comprise entre 380 000 et 450 000 dollars.

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Voilà plusieurs années que la société de capital-investissement Africinvest-Tuninvest mise sur ce secteur prometteur, via l’École supérieure privée d’ingénierie et de technologies tunisienne Esprit (lire l’encadré) ainsi que l’école Brookhouse, au Kenya, qui propose un cursus de la maternelle au lycée, ainsi que des classes préparatoires, et dont 30 % des parts reviennent au fonds. « Ces investissements ont un impact important pour les populations et aident à soutenir l’emploi, à travers les structures elles-mêmes, mais aussi en formant des diplômés qualifiés. Améliorer les compétences des futurs employés constitue un objectif primordial pour nos investisseurs », explique Ann Wyman, qui pilote les projets dans le secteur éducatif pour Africinvest-Tuninvest.

Tunisie : Esprit suscite les convoitises

Créée en 2003 à Tunis, l’école Esprit, qui forme des ingénieurs hautement qualifiés aux technologies de l’information et de la communication (TIC), a immédiatement soulevé l’enthousiasme des investisseurs. Dès le départ, Africinvest-Tuninvest a détenu environ 25 % de l’école privée devenue la plus courue du secteur – elle accueille 3 500 étudiants, à qui elle garantit un emploi. Des atouts qui ont convaincu Proparco : la filiale de l’Agence française de développement (AFD) y a pris en décembre dernier une participation de 2 millions d’euros.
« En raison de la tendance démographique dans le Bassin méditerranéen, il y a de plus en plus de jeunes à former. Proparco considère que le secteur privé est un complément utile et nécessaire à côté du public », explique Amaury Mulliez, responsable régional Maghreb de Proparco. L’investissement dans Esprit vise à « accompagner un développement pérenne qui permette une diversification des cursus et une augmentation des capacités d’accueil. La mise en place d’un système de bourses ou de prêts sur l’honneur est aussi envisagée ». « Élargir sa base de recrutement aux autres régions tunisiennes est également un objectif », précise Ann Wyman, qui ajoute que l’établissement a pour projet de lancer une école privée d’enseignement général. S.W.

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Peu de risques

Outre des retombées sociales, ces prêts et participations offrent des rendements intéressants. « Les revenus croissent, génèrent peu de risques et on peut s’attendre à un retour de 20 % des sommes investies », souligne ainsi Jarl Heijstee. « L’horizon est de six à sept ans en moyenne pour ce type de projets, contre quatre à cinq ans dans d’autres domaines », précise Ann Wyman. « Ce n’est pas un secteur intensif en termes de capitaux. On recherche plutôt des ressources humaines de qualité, d’où l’importance de privilégier un partenaire stratégique qui sera capable d’apporter une valeur ajoutée – nouveaux programmes ou cursus – et qui puisse envisager un développement régional », estime Sofiane Lahmar. Il souligne par ailleurs l’intérêt de DPI pour les grandes économies, hors Afrique du Sud, où le secteur de l’enseignement privé est porteur : « Maroc, Égypte, Algérie, Ghana, Sénégal ou Kenya… Les opportunités commencent à émerger et nous ne sommes pas les seuls à nous y intéresser. » Pas plus tard que le 25 avril, la Société financière internationale (IFC) annonçait avoir investi 7 millions de dollars dans l’école de commerce marocaine HEM afin de soutenir ses plans de développement – une première au Maroc dans ce secteur pour la filiale de la Banque mondiale.

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