Au nom de l’élite de demain

En France, de plus en plus d’étudiants et de jeunes diplômés de la diaspora se regroupent afin d’influer sur l’avenir de l’Afrique. Paroles de présidents.

Cédric Sinarinzi, président de l’African Business Lawyers’Club. © Camille Millerand/JA

Cédric Sinarinzi, président de l’African Business Lawyers’Club. © Camille Millerand/JA

Publié le 9 mai 2013 Lecture : 5 minutes.

Cédric Sinarinzi

Président de l’African Business Lawyers’ Club

« Nous ne sommes pas une association d’université ou d’école », précise d’emblée Cédric Sinarinzi quand il présente l’African Business Lawyers’ Club (ABLC). Ce club, qu’il a fondé en 2011 avec Jacques Jonathan Nyemb, un jeune avocat d’affaires camerounais, est en effet ouvert à tous les acteurs du droit en lien avec le continent. « Nos membres sont cooptés, et certains viennent d’universités anglaises ou américaines », explique l’étudiant. Il arrive en France en 2000 pour fuir la guerre civile qui ravage alors le Burundi. Une fois son master 2 en droit des affaires en poche, il intègre l’École des hautes études commerciales (HEC) pour compléter sa formation. « J’avais compris, lors de mon stage dans un cabinet d’affaires américain, qu’un passage par une école de commerce serait nécessaire pour avoir une bonne compréhension des problématiques financières », explique-t-il. Diplômé d’HEC l’an dernier, il est actuellement élève avocat à l’École de formation du barreau de Paris. À 28 ans, le jeune homme ne brille pas seulement dans les études. En 2006, il a fait partie du comité organisateur de la deuxième édition de Livres d’Afrique et, en 2010, il a organisé avec le collectif Oser l’Afrique le Forum de la jeunesse pour l’Afrique. À Assas, il a fondé l’association Droit & Affaires. Et à HEC, il a présidé le bureau des juristes et a créé le prix du juriste HEC de l’année. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 2011 il ait lancé l’ABLC.

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Dynamique

Au sein de ce club, qui compte actuellement 40 membres de 13 nationalités différentes, il organise des dîners-débats avec des spécialistes de la finance et une conférence annuelle. « Energizing Africa, conduit en partenariat avec l’Association Sciences-Po pour l’Afrique (Aspa), a, en mai 2012, accueilli 120 participants et des intervenants de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque africaine de développement (BAD) et de grands cabinets d’avocats. Nous recommençons le 20 juin sur le private equity en Afrique. » Pour la première fois cette année, les membres de l’ABLC ont animé un séminaire sur les instruments financiers à l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac). « Nous aimerions à l’avenir en proposer dans chaque région d’Afrique », assure son dynamique président.

Maïté Yog, Présidente de l'Africain Business Club. DRMaïté Yog

Présidente de l’African Business Club

Voilà plus d’un an que Maïté Yog est à la tête de l’African Business Club (ABC), une association née il y a dix ans sur le campus de l’École supérieure de commerce ESCP Europe, « qui s’est bien développée ». Pour cette Franco-Camerounaise de 22 ans qui a grandi entre les deux pays, 2013 est une année chargée. Tous les deux mois, l’ABC propose des conférences thématiques. Celle qui était consacrée à l’internet mobile et au haut débit a accueilli des professionnels du secteur, dont le directeur marketing broadband Afrique Moyen-Orient et Asie d’Orange. L’association organise également début mai un forum de l’emploi qui permet à quelque 600 participants d’entrer en contact avec une vingtaine d’entreprises implantées sur le continent. Mi-juin aura lieu la cinquième édition de son concours d’entrepreneuriat, qui offre 1 500 euros aux lauréats et les aide à se lancer. « L’événement prend de l’ampleur. Certains projets primés, comme Station Energy Services [qui développe au Sénégal et en Côte d’Ivoire des solutions d’accès à l’énergie solaire dans les zones rurales, NDLR], marchent bien. Nous avons déjà reçu 50 dossiers », précise Maïté Yog. En parallèle, elle doit superviser le gala qui se tiendra à Paris le 15 juin pour les 10 ans de l’association. L’ABC, ce sont 30 personnes à coordonner et un budget global de 30 000 euros. « Même en sortant de l’ESCP, je ne retrouverai pas ce type de responsabilités tout de suite », reconnaît la présidente, qui pense rentrer travailler sur le continent quand elle aura acquis suffisamment d’expérience en Europe.

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Nicolas Simel Ndiaye, Président de l'Association Sciences-Po pour l'Afrique. © Camille Millerand/JA Nicolas Simel Ndiaye

Président de l’Association Sciences-Po pour l’Afrique

Depuis plusieurs années, Nicolas Simel Ndiaye – en formation à Sciences-Po – suivait les activités de l’Association Sciences-Po pour l’Afrique (Aspa) sans être membre du bureau, faute de temps peut-être. Cet étudiant sénégalais vient en effet de passer deux ans à préparer son double diplôme avec l’École des hautes études commerciales (HEC), d’abord sur le campus d’HEC puis en stage. « En sortant de Sciences-Po, j’aimerais beaucoup continuer dans le conseil et accompagner la transformation du secteur public africain au sein d’un grand cabinet. Ensuite, à moyen terme, j’aimerais rentrer au Sénégal ou ailleurs en Afrique, et pourquoi pas me lancer en politique », imagine-t-il. Dans l’immédiat, il fait ses classes à Paris, dans les grandes écoles et dans le milieu associatif. En 2009, Nicolas Simel Ndiaye a ainsi créé L’Afrique des idées, une association qui regroupe une trentaine de personnes écrivant des articles d’analyse sur le continent publiés sur Terangaweb. « Au départ, j’avais ouvert un simple blog sur le Sénégal, mais il était plus pertinent de raisonner à l’échelle du continent », explique-t-il. De retour Rue Saint-Guillaume cette année, il souhaite, à la tête de l’Aspa, promouvoir et renforcer la présence de l’Afrique dans l’école. Avec ses 40 000 euros de budget, l’association organise chaque été un voyage humanitaire sur le continent pour une vingtaine de personnes. Surtout, l’Aspa propose deux ou trois conférences mensuelles. « Nous avons reçu le Premier ministre ivoirien ou encore le ministre sénégalais de l’Économie et des Finances », précise Nicolas Simel Ndiaye. Chaque fois, environ 300 personnes se pressent dans l’amphi – « aussi bien des étudiants que des personnes de l’extérieur ». L’Aspa supervise également la Semaine africaine, pour renforcer la présence du continent à Sciences-Po. Sa quatrième édition a eu lieu en mars, avec films, expositions, défilés de mode, ateliers littéraires et soirée de gala.

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Élisabeth Ilboudo, présidente de Dauphine Alumni Afrique. DRÉlisabeth Ilboudo

Présidente de Dauphine Alumni Afrique

En parallèle de sa carrière dans la finance, Élisabeth Ilboudo a continué de fréquenter les bancs de l’université Paris-Dauphine après sa thèse sur l’indépendance des banques centrales, en 1989. Dès 1994, elle crée une association, l’Agence de recherche pour l’initiative privée en Afrique subsaharienne (Arepas), dont l’oeuvre se poursuit en 2009 dans Dauphine Alumni Afrique – réseau, né en 2009, des diplômés de la prestigieuse université ayant un lien familial, professionnel ou simplement affectif avec le continent.

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Gouvernance

« Nous sommes environ cinquante permanents, mais des centaines à travers le monde. Rien qu’à Dakar, on compte plus de 300 dauphinois », assure-t-elle. Le développement du continent est un objectif important pour cette quinquagénaire native du Burkina Faso, bien qu’elle ait toujours exercé en France, chez Merrill Lynch puis BNP Paribas. À son actif également, la création d’une chaire à l’université de Ouagadougou, intitulée « Genre, société et développement durable », pour la rentrée prochaine. Avant cela, en juillet, le séminaire Challenging Espoirs sera proposé aux décideurs privés et publics africains pour améliorer la gouvernance. « C’est énormément de travail, sourit-elle, mais nous avons la chance d’être accompagnés par les professeurs de Dauphine. »

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