Altea Packaging emballe le Maghreb
La société a vu sa taille sextupler en trois ans. Elle est ainsi passée d’une petite PME tunisienne (Cogitel) à un groupe international. Une réussite qui s’appuie sur le private equity.
Sacré appétit que celui d’Altea Packaging, qui vient d’engloutir quatre entreprises : la française Roland Emballages en juillet 2007 ; Optima, au Maroc, en septembre 2008 ; et, deux mois plus tard, Porta et sa filiale Rotopack Misr, en Égypte. En sus de 10 millions d’euros investis en Algérie, où l’usine constantinoise devrait entrer en service à la fin de 2009. Résultat : un chiffre d’affaires qui a bondi de 37 millions d’euros en 2007 à près de 69 millions en 2008. Et cette ambition : de leader local en Tunisie (40 % de parts de marché), Altea veut devenir le numéro un de l’emballage flexible sur la région Mena « d’ici trois à cinq ans », promet Slim Zeghal, 44 ans, directeur général du groupe.
Cette ambition s’adosse à un double choix stratégique pour tenir tête aux principaux concurrents directs dans la région : Alcan (Canada), Amcor (Australie)… D’une part, « se concentrer sur le métier de l’emballage flexible qui offre d’importantes perspectives de croissance ». D’autre part, s’implanter dans les pays « incontournables », comme l’Égypte, où Porta est leader avec 16 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2008 et 12,5 millions apportés par Rotopack Misr. « Nous allons développer les synergies entre les sites », précise Zeghal.
Toujours entre deux avions – il passe près de vingt jours par mois en déplacements –, ce quadragénaire n’a intégré le groupe qu’en 2005, après ses deux sœurs, Nadia (directrice générale de Cogitel) et Lilia (responsable des systèmes d’information du groupe). Mais à un moment crucial pour la PME, qui, pilotée depuis 1986 par Hadi Zeghal, le pater familias, voulait passer à la vitesse supérieure tandis qu’une demi-douzaine d’actionnaires souhaitait s’en désengager.
Premier LBO en Tunisie
La solution : procéder à un LBO, une première en Tunisie. « Nous nous sommes donné les moyens de notre ambition », explique le patron. Deux poids lourds du private equity sont également arrivés, sur fonds propres. Entré au capital de Cogitel dès 1998, Tuninvest consolide sa participation via le fonds d’investissement MPEF II, rejoint en 2006 par un nouveau venu, le suisso-saoudien Swicorp, gestionnaire du fonds Intaj. Un comité restreint de trois personnes, qui représentent chacun des actionnaires, est instauré. « Cela nous permet d’être plus réactifs », assure Zeghal.
Outre le marché nord-africain en plein essor, l’entreprise vise le marché européen, « le plus gros pour notre secteur » – 10 milliards d’euros, contre 500 millions pour la région qui va du Maroc à l’Égypte. Autre objectif : fournir les gros clients internationaux (tels Coca-Cola, Unilever, Danone…) depuis l’Europe et non plus seulement depuis la rive sud, où la société fournit les marques locales les plus importantes de la biscuiterie et des produits laitiers.
Priorité en 2009 ? « Gérer la très forte croissance. » D’autant qu’il faut encore consolider Roland Emballages et Optima, en redressement au moment de leur rachat. Du coup, prudence quant à l’entrée d’Altea en Bourse : « Pas avant 2012-2013 », le temps d’atteindre les 200 millions de dollars de chiffre d’affaires. Autre alternative : refaire un tour de table pour lever de nouveaux fonds. Au cas où Tuninvest et Swicorp venaient à se retirer ? « Pas avant dix-huit mois », confie Karim Trad, directeur associé de Tuninvest. Pour l’heure, Altea semble donc apaisé, rassasié, tout occupé à digérer.
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