Au Venezuela, pas de fréquences pour les « oligarques »
Les concessions de trente-quatre stations de radio et chaînes de télévision privées n’ont pas été renouvelées. L’opposition hurle à la censure.
Depuis son arrivée au pouvoir, il y a dix ans, le président vénézuélien Hugo Chávez entretient avec les médias des rapports tumultueux. Les tensions ont éclaté au grand jour il y a deux ans, lorsque les autorités ont refusé de renouveler la licence de RCTV, une chaîne populaire très critique à l’égard du régime, et attribué ses fréquences à une nouvelle télé publique. Depuis, l’opposition de droite dénonce l’emprise grandissante de l’État sur l’information. Chávez réplique en accusant les médias privés de « manipuler les esprits » et d’imposer « une perception erronée des faits ».
Et l’escalade se poursuit. Le 1er août, le gouvernement a annoncé que les concessions attribuées à trente-quatre stations de radio et chaînes de télé privées accusées de ne pas respecter la loi n’avaient pas été renouvelées. « Elles appartiennent désormais au peuple et non plus à la bourgeoisie », a fait savoir Chávez.
Pour les propriétaires, il s’agit évidemment d’une gravissime atteinte à la liberté d’expression. Des rassemblements de protestation ont eu lieu devant les sièges des chaînes et stations concernées. Les manifestants ont crié « non à la censure » et « peuple, ouvre les yeux, c’est une dictature ».
Monopole médiatique
Deux cents autres entreprises audiovisuelles seraient menacées de fermeture dans le cadre de la réforme que prépare actuellement la Commission nationale des télécommunications afin de « démocratiser » des médias décidément trop étroitement contrôlés par « la bourgeoisie et l’oligarchie ».
Neuf des dix quotidiens nationaux et entre 80 % et 95 % des fréquences radio et de télévision restent aux mains de grands groupes économiques. Le gouvernement entend briser le monopole de ces « latifundistes médiatiques » [allusion aux grands propriétaires terriens, NDLR] et, dans un premier temps, redistribuer certains médias audiovisuels à des opérateurs associatifs et communautaires.
Par ailleurs, un projet de loi déposé au Parlement le 3 août prévoyait d’instituer divers « délits médiatiques » passibles de quatre années d’emprisonnement. Les protestations des ONG et même de certains membres de la majorité chaviste ont été telles qu’il a été retiré deux jours plus pard.
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