Le PAM en manque de fonds
« En Ouganda, nous fournissons des denrées alimentaires à 2 millions de personnes, explique Emilia Casella, chargée de communication pour le Programme alimentaire mondial (PAM). Dans le Nord, confronté à des années de guerre entre le gouvernement et l’Armée de résistance du Seigneur, nous ne pouvons plus ravitailler quelque 600 000 personnes. Au Kenya, où nous aidons 3,2 millions d’individus affectées par la hausse des prix, notre stock de céréales sera bientôt épuisé. » En ce début de mois d’août, le PAM tire la sonnette d’alarme : l’organisme, qui doit venir en aide à « 108 millions de personnes dans 74 pays », a besoin de 6,7 milliards de dollars pour 2009. Et n’a à ce jour reçu que 3,7 milliards de dollars… À peine la moitié.
Principale explication de ce manque à gagner : la hausse continue des besoins. En 2007, le PAM devait aider 86 millions de personnes. En 2008, ce chiffre est passé à 102 millions. Chargé de communication du PAM pour l’Afrique, Peter Smerdon dresse un tableau assez sombre de la situation : « D’une manière générale, le prix des denrées alimentaires a baissé. Mais, dans les pays africains, pas autant qu’ailleurs. Certains, qui n’avaient pas besoin d’assistance, y ont désormais recours. En outre, les interventions d’urgence durent plus longtemps, les coûts de transport augmentent et la nécessité d’améliorer la qualité des compléments nutritionnels que nous fournissons a un prix… »
Autre élément à prendre en compte, la crise économique. « Sans la crise économique, les bailleurs de fonds auraient pu faire face à la hausse des besoins, analyse Smerdon. Avec la crise, ils doivent se montrer prudents. » D’où l’appel insistant du PAM. « C’est déjà trop tard pour certains pays, s’alarme Emilia Casella. Et ce n’est pas seulement pour cette année, il faut commencer à penser à 2010. Pour que certaines denrées atteignent le Darfour, il faut parfois six mois. »
