La rixe aurait pu tourner au drame et à l’incident diplomatique entre Alger et Pékin. Dans l’après-midi du 3 août, une bataille rangée a opposé quelques dizaines de ressortissants chinois à des habitants du quartier de Bab-Ezzouar, dans la périphérie est d’Alger. Un simple différend entre un commerçant local et un Chinois à propos d’une voiture mal garée a dégénéré en affrontement général au cours duquel couteaux, matraques et barres de fer ont été sortis. Bilan : un Algérien grièvement blessé, ainsi que douze Chinois.

Bien que l’ambassade de Chine en Algérie minimise l’affaire en évoquant un incident isolé – non sans demander au gouvernement algérien de punir les responsables –, cette bagarre sanglante n’en est pas moins révélatrice de la tension latente qui règne entre les deux communautés.

Arrivés en Algérie au début des années 2000 pour servir de main-d’œuvre dans le bâtiment, les Chinois seraient aujourd’hui quelque 25 000 à y vivre et à travailler essentiellement dans les secteurs du BTP, du commerce, des télécommunications et de l’énergie. Si les premiers émigrés ont été cantonnés dans des baraquements, d’autres se sont hasardés en ville pour ouvrir des commerces et des boutiques, notamment dans des quartiers populaires comme celui de Bab-Ezzouar, surnommé « Chinatown ».

Jusque-là, les Chinois se faisaient très discrets et se fondaient dans le paysage. Mais les différences culturelles ont fini par alimenter le ressentiment de la population algérienne, qui reproche notamment à ces immigrés de se livrer à des pratiques commerciales déloyales, de boire de l’alcool et de déambuler en short.