Mohammed VI gracie Astorc
« Je remercie profondément Sa Majesté le roi Mohammed VI pour sa générosité. Elle a vraiment fait quelque chose de bien. » L’auteur de ces propos, Serge Astorc, un Français de 55 ans, vient pourtant de passer vingt-deux mois dans les prisons marocaines.
À Tanger, en décembre 2007, alors qu’il s’apprête à embarquer pour la France, les douaniers saisissent 400 kg de haschich dans sa Peugeot 806. Arrêté, il est condamné en février 2009 à cinq ans de prison ferme et à 1,9 million d’euros d’amende, peine confirmée en appel deux mois plus tard. Il moisit alors dans une cellule de 20 m2 avec une vingtaine d’autres détenus… Jusqu’à la grâce royale, qui lui est accordée (comme à près de 25 000 personnes) le 30 juillet, à l’occasion de la fête du Trône. Libre depuis le 1er août, il a aussitôt regagné l’Hexagone.
« D’un point de vue strictement judiciaire, ce n’est pas totalement satisfaisant car nous n’avons pas obtenu d’acquittement », relativise Me Jean-Lou Lévi, l’avocat d’Astorc. Ce dernier, un ancien bijoutier de Montauban, était, selon ses propres dires, une « mule » chargée de remonter une filière de trafiquants pour le Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier.
Problème : le SRPJ, lui, affirme que l’opération devait avoir lieu en Espagne, non au Maroc. Et les autorités marocaines n’ont pas été informées de la mission d’Astorc par les policiers français. Ces derniers ont-ils voulu piéger les douanes marocaines, dont certains membres seraient impliqués dans le trafic ? « Nous allons demander au moins une enquête interne du ministère français de l’Intérieur pour éclaircir ce point », prévient Astorc, qui dit avoir été motivé par « un salaire de 20 000 euros et par le goût de l’aventure ». Une aventure dont, rétrospectivement, il se serait bien passé.
