Marie-Andrée Ngwe : « Je suis opposée à l’idée de catégoriser les femmes »

L’avocate pose un regard optimiste sur la situation des femmes en Afrique, particulièrement au Cameroun. Mais des progrès restent à faire.

Pour Marie-Andrée Ngwe, les règles d’appréciation et de concurrence doivent être les mêms pour tous. DR

Pour Marie-Andrée Ngwe, les règles d’appréciation et de concurrence doivent être les mêms pour tous. DR

Publié le 6 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Née à la Réunion, Marie-Andrée Ngwe a fondé en 1986 le cabinet de droit des affaires de référence au Cameroun. Ngwe & Associés est devenu le partenaire local des plus grandes law firms internationales – Clifford Chance, Gide, Allen & Overy, etc. -, avec lesquelles il intervient sur des grands projets d’infrastructures, de permis pétroliers ou encore de gisements miniers.

Jeune Afrique : Comment expliquez-vous le succès de votre cabinet ?

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Marie-Andrée Ngwe : La confiance dont jouit le cabinet est la récompense d’une constance dans le travail depuis de longues années. Par ailleurs, nous avons su nous adapter aux standards internationaux de la profession. Depuis 1986, nos domaines d’intervention ont beaucoup évolué en fonction de la réalité économique camerounaise, si bien que, de cabinet généraliste, nous sommes devenus spécialisés en droit des affaires. Mais ma grande satisfaction est d’avoir pu travailler en toute indépendance et dans le respect des règles d’éthique.

Vous êtes la seule femme avocate qui ait atteint un tel niveau au Cameroun. Comment a évolué la situation des femmes depuis les années 1980 ?

Quand j’ai commencé, il n’y avait pas beaucoup de femmes dans le métier. Nos interlocuteurs étaient sceptiques, il fallait travailler deux fois plus que les autres confrères. Aujourd’hui, la situation des femmes dans le milieu professionnel s’est tout de même grandement améliorée. Plusieurs femmes font de belles carrières dans divers domaines du droit et dirigent des cabinets ayant une réputation reconnue. Il y a 50 % de femmes dans la magistrature, par exemple. Mais même si cela se passe mieux qu’il y a trente ans, ce n’est pas encore idéal : des domaines comme le BTP ou le transport restent très masculins.

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J’ai foi en l’éducation comme moyen de combattre les préjugés.

Que peut-on faire pour améliorer la représentation des femmes dans les milieux d’affaires ?

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Au Cameroun, j’ai pu constater que les familles donnent autant de chances aux filles qu’aux garçons dans l’éducation. J’ai foi en l’éducation comme moyen de combattre les préjugés. En revanche, je suis opposée à l’idée de catégoriser les femmes. Les règles d’appréciation et de concurrence doivent être les mêmes pour tous. Mais il y a des pays où un soutien au niveau de la formation ou en début d’activité peut être utile. Il faut dire aussi que ce genre de progrès est très lié au développement : dans un contexte de croissance économique, le besoin de gens qualifiés est tel qu’on regarde moins le genre. Et finalement, l’un entraîne l’autre.

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