Les enfants de Gaza et nous

Fawzia Zouria

Publié le 3 août 2009 Lecture : 2 minutes.

L’autre jour, mon amie Françoise me racontait comment son conjoint, affecté par le drame de Gaza, s’y est pris pour aider les Palestiniens. Il commence par se rendre au Secours islamique et est impressionné par le travail et la motivation des adhérents. Ne prennent-ils pas en charge quelque 27 000 orphelins à travers le monde, dont 6 000 en France ? Puis, on lui met dans la main un prospectus invitant les gens ayant bon cœur à parrainer un enfant à Gaza. Et, ni une ni deux, il le met dans sa poche, bien décidé à répondre à l’appel.

Une fois à la maison, il informe sa petite famille qu’il déboursera 35 euros par mois pour le parrainage d’un petit Palestinien. Mais sa fille, du haut de ses 12 ans, proteste énergiquement : « Je ne veux pas d’adoption ! J’ai déjà un frère, ça suffit comme ça. Et puis, vous avez déjà si peu de temps pour nous, alors, un môme en plus, merci ! » Son père la rassure en lui expliquant qu’elle n’aura pas à se disputer ses parents avec un autre : le gamin en question restera sur ses terres, là-bas, à Gaza. C’est ce qu’on appelle un parrainage, et non une adoption. Pour lui prouver ce qu’il avance, il lui sort le prospectus. Surprise ! Il découvre alors que le parrainage en question coûte 52 euros et non pas 35. La petite somme, c’est pour les Sénégalais. Le fils demande alors : « Mais, papa, pourquoi un Palestinien vaut-il plus cher qu’un Sénégalais ? » Silence. Le père ne sait quoi répondre. À ce moment, mon amie Françoise entre en scène. Elle explique que la Palestine, ce n’est pas l’Afrique, que la vie y est plus chère, que les infrastructures ont régulièrement besoin d’être reconstruites, que l’embargo israélien fait flamber les prix, etc. Mais son garçon n’avait pas l’air convaincu.

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Après m’avoir raconté cette séquence, Françoise me regarde dans les yeux et ajoute : « Tu as maintenant la preuve que les Français soutiennent les Palestiniens.

– C’est-à-dire ? ai-je demandé.

– Nous parrainons vos enfants alors que vous, les Arabes, vous ne faites rien.

– Bien sûr que si ! Les peuples arabes donneraient leur vie pour la Palestine.

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– Sauf qu’ils ne sont pas crédibles, leurs régimes ne sont pas aussi démocrates que celui d’Israël.

– Aucun de ces régimes n’occupe un autre pays ni ne le colonise !

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– Ils occupent bien leurs peuples, non ? »

J’étais à deux doigts de caler, mais je me suis reprise de justesse en affirmant qu’il est indécent de confondre absence de démocratie et colonisation. Le nif arabe m’étant monté au nez, j’ai même sorti l’artillerie lourde : « Les Français peuvent toujours se gargariser de leur soutien financier et moral aux Palestiniens, pour ce qui est d’un franc soutien politique, ils devront repasser ! Vous pouvez toujours parader avec vos keffiehs autour du cou, ça fait une belle jambe aux Palestiniens ! »

N’empêche. Lorsque Françoise est partie, j’ai dû quand même m’avouer ceci : pendant que mon amie française et les siens prenaient sur leur maigre budget pour permettre à un enfant palestinien d’échapper au pire, moi, je continuais à déblatérer sur la cause palestinienne sans lever le moindre petit doigt. Comme une indécrottable Arabe !

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