Embellie sur les cours

Tirés notamment par la demande chinoise, les prix des matières premières remontent. Les pays producteurs africains peuvent espérer renflouer leurs caisses.

Publié le 5 août 2009 Lecture : 3 minutes.

Après s’être effondrés depuis la fin de l’été 2008, conséquence de la crise économique mondiale, les cours des minerais sont récemment repartis à la hausse, une tendance qui s’accélère depuis juin dernier. Dans les métaux non ferreux, le cuivre et le nickel mènent la danse. Le prix du métal rouge a enregistré une hausse de… 100 % depuis la fin de 2008 ! Il culminait le 27 juillet à 5 550 dollars la tonne, contre 2 765 dollars le 24 décembre dernier. Le nickel a de son côté vivement rebondi. Sa cotation à trois mois s’est appréciée de plus de 65 % depuis avril 2009, pour s’échanger le 28 juillet à 16 600 dollars la tonne, son point le plus haut depuis le 6 octobre 2008. 

Hausse moyenne en juin de 9,8 %

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L’aluminium caracole aussi à des niveaux élevés. Son cours à trois mois est repassé au-dessus du seuil des 1 800 dollars la tonne (1 811 dollars) pour la première fois depuis le 24 novembre dernier. Le zinc et le plomb ne sont pas en reste d’une telle embellie. Le premier a touché 1 677 dollars la tonne, et le second 1 739 dollars. Quant aux métaux précieux, ils se portent à merveille. L’or s’envole vers la barre des 1 000 dollars l’once. Il cotait 958 dollars le 27 juillet. L’argent et surtout le platine suivent. Au total, sur le seul mois de juin, la hausse moyenne des cours des métaux précieux a progressé de 4,2 % dont 8 % pour le platine. Et celle des métaux de base s’est nettement accentuée, de 9,8 %.

Quant au fer, dont le prix se négocie de gré à gré, les géants du secteur se sont fixé des tarifs a minima pour se prémunir d’une hausse lorsque la demande mondiale repartira. Le brésilien Vale, premier producteur mondial, a conclu le 1er avril un accord avec les sidérurgistes nippons sur un tarif de référence qui représente une baisse plafonnée de 28,2 % du prix courant. Les aciéristes européens se sont alignés sur cette base tarifaire. Seuls les sidérurgistes chinois font de la résistance, exigeant une baisse plus importante…

C’est pourtant le rebond de la demande chinoise qui soutient largement le fer, ainsi que les autres métaux de base (cuivre, aluminium, nickel, zinc…). La politique de stimulation fiscale et monétaire du pays a en particulier dopé la sidérurgie locale. En juin, la production de fer annualisée a été estimée à 600 millions de tonnes, un nouveau record, soit 30 millions de plus qu’en juin 2008, son pic précédent. Le premier semestre 2009 a été marqué par un envol des importations chinoises de minerai de fer, en hausse sur un an de 29,1 %, à 297,3 millions de tonnes. La Chine est également affamée de métaux de base. Leur importation reste soutenue. Le taux de croissance de l’empire du Milieu, estimé à 8 % en glissement annuel, leur donne des ailes. Principal bénéficiaire, le cuivre tiré par un bond de 38 % de la demande chinoise alors que les réserves mondiales sont en déficit.

« D’autres facteurs expliquent toutes ces hausses des cours, provoquées, notamment, par le retour des investisseurs sur le marché. Convaincus par une reprise économique qu’ils jugent imminente, ils se positionnent sur une classe d’actifs plus risqués pour rééquilibrer leur portefeuille. L’affaiblissement du dollar, auquel la valeur des minerais est inversement liée, les protège contre les risques de dépréciation monétaire. Enfin, les matières premières assurent une protection contre l’inflation » analyse Frédéric Lasserre, responsable de la recherche matières premières à la Société générale. En clair, la fragilité du billet vert et son corollaire la hausse du prix du pétrole, le rebond de la croissance chinoise et l’optimisme des marchés d’actions redonnent des couleurs aux métaux industriels et précieux. 

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L’Afrique en position de force

Une bonne nouvelle pour les multinationales et tout le continent. Il est en position de force dans des domaines qui correspondent à la demande industrielle mondiale. C’est le cas pour le platine, dont l’Afrique constitue 89 % des réserves mondiales, pour le chrome (81 %), le manganèse (61 %) et le cobalt (60 %). Certains pays gros producteurs et exportateurs de minerais doivent même spécialement s’en féliciter pour tirer de leur exploitation de meilleures recettes fiscales. La Guinée-Conakry, qui a pâti de la chute du cours de l’aluminium, devrait renouer avec des recettes plus importantes. Son secteur minier, dominé par la bauxite, principal composant de l’aluminium, assure 30 % des recettes de l’État et 70 % de ses gains d’exportation. Avec 10 % des réserves mondiales de cuivre et 34 % de celles de cobalt, la République démocratique du Congo pourrait combler progressivement son « trou » de 930 millions de dollars lié à l’effondrement des cours si la tendance à la hausse du cuivre se poursuivait. La Mauritanie, qui prévoyait de diviser par trois ses recettes d’exportation de fer cette année, devrait revoir à la hausse cette perspective. D’autant que certains grands projets miniers gelés sur le continent pour cause de crise mondiale pourraient redémarrer plus tôt que prévu. 

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