L’armée en opérateur économique
Vieux serpent de mer, Fatia, le projet d’usine d’assemblage de véhicules automobiles à Aïn Bouchekif, dans la région de Tiaret (300 kilomètres au sud-ouest d’Alger), à l’abandon depuis le retrait de Fiat, ressort des cartons. Pour le tirer de l’ornière, un décret présidentiel, signé le 29 juin par Abdelaziz Bouteflika, en confie désormais la réalisation au ministère de la Défense ! Une nouvelle entreprise, placée sous la tutelle du ministère, hérite de l’immense assiette foncière, des bâtiments industriels et administratifs et d’une cité d’habitations de cent logements dédiée au projet fantôme Fatia. Son nom : l’Ediv, pour Entreprise de développement de l’industrie de véhicules. Un siège du conseil d’administration est attribué au chef d’état-major des Armées. Le Département recherche et sécurité (les services de renseignements algériens) y dispose de deux sièges. L’Ediv cible la production de véhicules tout-terrain, de la conception à la commercialisation. La globalité du capital étant entre les mains de l’État, cette opération ne nécessite aucun mouvement financier. Toutefois, le décret prévoit une subvention de démarrage dont le montant n’a pas été précisé.
Le même jour, le président Bouteflika a signé un décret créant une nouvelle entité économique, PSE, pour Plate-forme de systèmes électroniques, placée également sous la tutelle de la Défense. PSE hérite du complexe électronique situé à Sidi Bel-Abbès (400 kilomètres à l’ouest d’Alger) appartenant à l’Enie, le groupe public de production d’électroménager, porté à bout de bras par le Trésor public. Après avoir tenté sans succès de le privatiser, puis de lui trouver un partenaire, l’État tente de lui donner un nouvel élan avec l’armée, grande consommatrice d’électronique, et en l’orientant dans la conception et la production d’équipements et de composants électroniques.
En s’impliquant dans le secteur de l’automobile et celui des systèmes électroniques, l’armée n’est pas en territoire inconnu. Avec les performances de sa direction de fabrication militaire et surtout celles de sa base logistique de Béni Merad, dans la banlieue de Blida, elle peut se targuer d’un savoir-faire industriel. Reste à savoir si elle sera meilleure gestionnaire que les civils.
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