Russes et Européens prennent position
Troisième producteur de brut au sud du Sahara, le pays est aussi devenu, en 2008, l’un des quinze États au monde dotés d’installations de liquéfaction et de transport de gaz naturel.
Guinée Equatoriale, la politique du résultat
Le tassement du brut observé à partir de l’automne 2008 sur le marché mondial n’inquiète pas outre mesure à Malabo. D’une part, les cours se ressaisissent depuis plusieurs semaines (fin juillet, ils dépassaient les 63 dollars), d’autre part, les autorités équato-guinéennes avaient anticipé cette baisse en limitant la production qui, pour 2009, s’établira à 14,7 millions de tonnes, contre 17,4 millions en 2008, soit un recul de 15 %. Cet ajustement est révélateur de la volonté des pouvoirs publics de rationaliser depuis plusieurs années l’exploitation pétrolière, tout en misant sur le gaz, dont les projets de développement s’avèrent plus prometteurs. « Nous nous efforçons de maintenir la production à 300 000 barils par jour », explique-t-on au ministère de l’Énergie. Avec 1,8 milliard de barils, le pays n’est que le trentième producteur mondial, mais est déjà le troisième producteur de brut en Afrique subsaharienne, derrière le Nigeria et l’Angola, et est appelé à être le moteur de la sous-région face au lent déclin des réserves gabonaises.
Par ailleurs, le manque à gagner en recettes pétrolières est contrebalancé par la production gazière, notamment de gaz naturel liquéfié (GNL), qui devrait augmenter de 8,6 % en 2009.
Un complexe unique en son genre
Plus que jamais, la stratégie de développement du pays passe par l’émergence d’une industrie gazière performante. Alors que les réserves sont évaluées à plus de 40 milliards de m3, Malabo enregistre déjà les résultats de l’inauguration, l’an dernier, du premier train de GNL sur le site de Punta Europa, à l’ouest de l’île de Bioko. Ce complexe, doté d’infrastructures uniques au monde, doit porter la production à 3,4 millions de tonnes. Un potentiel qui place le pays au cœur de la toile énergétique du golfe de Guinée. Jugé plus stable que le Nigeria et plus important que le Cameroun, il intéresse désormais les majors pour son potentiel et ses infrastructures.
L’accord signé en 2008 entre le géant russe Gazprom et EG-LNG (Equatorial Guinea Liquefied Natural Gas) a été suivi, en janvier dernier, par la création du consortium 3G – qui comprend la société publique Sonagaz, le portugais Galp Energia, l’espagnol Union Fenosa et l’allemand E.ON Ruhrgas – portant sur l’exploitation des réserves équato-guinéennes.
Les opérateurs se diversifient
Un second train de GNL, d’une capacité de 4,4 millions de tonnes, est prévu à Punta Europa, qui se heurte cependant à la géopolitique et aux incertitudes quant à son approvisionnement. L’usine devait initialement être alimentée à partir du gaz nigérian, moyennant la rétrocession à Abuja de deux blocs pétroliers. Mais l’accord signé en ce sens sous la présidence d’Olusegun Obasanjo a été revu par le nouvel occupant du palais d’Aso Rock, Umaru Yar’Adua, qui souhaite accroître la transformation locale.
Faute d’accord avec le Cameroun et l’Angola, Malabo n’a pour l’instant d’autre solution pour espérer concrétiser ses projets que de miser sur la diminution du torchage. En 2008, l’État a décidé de contraindre les majors pétrolières opérant sur ses champs à réduire le gaz torché, sous peine de lourdes astreintes financières. Cette politique a visé en particulier l’américain Exxon, principal opérateur du champ historique de Zafiro. Incapable – ou volontairement non désireux – d’enrayer le torchage, ce dernier a été progressivement évincé au profit de Repsol. La firme espagnole détient désormais près de 58 % de Zafiro, le reste revenant à la compagnie nationale GEPetrol. Jusqu’à présent dominé par les Américains, le secteur des hydrocarbures se recompose ainsi progressivement avec la montée en puissance des groupes européens dans l’industrie gazière. Une diversification que les Équato-Guinéens appellent de leurs vœux.
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