Quand Casa sert de modèle à Chicago

Time, hebdomadaire, États-Unis

Publié le 4 août 2009 Lecture : 2 minutes.

À Casablanca, ville de quelque 4 millions d’habitants, des milliers et des milliers de gens vivent dans les bidonvilles ou les taudis de la périphérie. La misère et la pauvreté nourrissent l’extrémisme ; les kamikazes qui ont tué 48 personnes lors des attentats de Casablanca, en 2003 et 2007, ont tous grandi dans ce genre d’endroit. Alors que les autorités marocaines affirment avoir éradiqué les cellules terroristes dans les zones urbaines les plus démunies, les habitants y restent désespérément pauvres. Dans les bidonvilles, le taux de chômage atteint 32 %. Et le taux d’analphabétisme, qui s’élève à 64 %, est de 10 points supérieur à celui du reste de Casablanca.

Boubker Mazoz connaît bien ces quartiers. Depuis sept ans, ce responsable associatif sillonne les bidonvilles et va jusque dans les zones les plus miséreuses de Casablanca. Quand il arrive dans les habitations de fortune, où la nourriture et l’argent se font rares, ses hôtes lui offrent du thé et des tartines de miel. « Je suis auprès de ceux qui sont laissés de côté, oubliés, marginalisés », explique Mazoz, 58 ans, qui exerce en tant que spécialiste des affaires publiques auprès du département d’État américain. « Avec un peu d’aide, ces gens peuvent faire des miracles. »

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Mazoz est persuadé que les attentats de Casablanca « auraient pu être évités si on avait prêté attention à la situation de ces gens ». Quelques semaines après les attaques de 2003, il a commencé à chercher le moyen de détourner la jeunesse des bidonvilles de la tentation du terrorisme. Trois ans plus tard, avec l’aide d’un fonds privé et du maire de la ville, Mazoz a construit le centre culturel de Sidi Moumen sur le site d’une ancienne décharge. Le centre abrite une bibliothèque, des ordinateurs et un théâtre. Il sert de quartier général à une équipe d’animateurs sociaux qui mettent tout en œuvre pour éviter aux enfants pauvres de tomber dans la drogue ou l’extrémisme grâce à des projets d’éducation et des activités artistiques.

Plutôt que de recruter des volontaires qui vivent à des kilomètres, Mazoz est persuadé que ces animateurs doivent venir des bidonvilles eux-mêmes. « Ils parlent le même langage et sont les mieux placés. »

Les leçons apprises à Casablanca commencent à être appliquées ailleurs. Le succès du projet est tel – à ce jour, plus de 150 personnes se sont portées volontaires pour parrainer quelque 350 enfants – qu’il a attiré l’attention de la ville jumelée à Casablanca, Chicago, là où l’animateur social le plus célèbre du monde, le président américain Barack Obama, a fait ses premiers pas. En septembre, une délégation d’étudiants de Chicago visitera Sidi Moumen pour étudier les méthodes de Mazoz et, une fois de retour au pays, les appliquer dans des quartiers défavorisés. « Nous allons faire tout notre possible pour que sa vision devienne un modèle international », explique Marilyn Diamond, coprésidente du programme international de jumelage Casablanca-Chicago. 

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