Le cheval, le rabbin et la paix

Publié le 4 août 2009 Lecture : 2 minutes.

On connaît l’histoire (juive) de ce sultan qui, à la fin de sa vie, n’a plus d’intérêt que pour son cheval. Il convoque un jour les dignitaires des trois religions et leur ordonne, toutes affaires cessantes, de doter son canasson de la parole. Sans quoi, ils seraient livrés au bourreau. C’est impossible, répond le mufti, Dieu ayant réservé la parole à l’homme. L’archevêque lui emboîte le pas. Le rabbin, lui, accepte et demande seulement un délai d’un an. Aussitôt accordé. Après, à ses deux acolytes furieux, il s’explique : « En un an, il peut se passer beaucoup de choses : le sultan peut mourir, le cheval peut mourir, moi, je peux mourir. »

Dans le branle-bas de combat diplomatique au Moyen-Orient provoqué par la politique de paix de Barack Obama, le facteur temps est essentiel. Chacun des protagonistes l’utilise et Netanyahou n’est pas le seul à imiter le rabbin.

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L’Iran, d’abord. Dans un à trois ans, il sera en mesure de posséder la bombe. En attendant, il joue la montre. Il devait répondre cet été à l’offre de dialogue des États-Unis. Mais, depuis le 12 juin et la réélection controuvée d’Ahmadinejad, silence radio. Ce sera peut-être en septembre lors de l’Assemblée générale de l’ONU. La Maison Blanche s’est fixé une deadline : fin 2009.

Israël, ensuite. Obama en attend un arrêt définitif de la colonisation. Il devrait se contenter d’un gel provisoire et table sur une reprise des négociations avec l’Autorité palestinienne pour créer une dynamique de paix irréversible. Il encourage parallèlement les négociations avec la Syrie et le Liban, et se démène pour que les États arabes s’engagent dès à présent sur la voie de la normalisation avec Israël. Pas question, côté arabe, de gêner les Américains. Liberté est donc laissée à chacun de répondre à leurs demandes.

Noyer l’intransigeance israélienne dans la bonne volonté arabe, c’est sans doute ce que recherche Obama tout en fixant une autre deadline : le processus des négociations devrait s’achever dans un an et demi.

Le calcul de Netanyahou est inverse. Il jette son dévolu sur l’échec du dialogue avec l’Iran pour mettre fin à la menace nucléaire par « d’autres moyens ». Ce serait l’apocalypse. Le sultan, le mufti ni l’archevêque n’y survivraient. Quant au rabbin…

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