Barack Obama : « Votre futur est ce que vous en ferez »

Pour la première fois depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président américain s’est directement adressé à « ses frères ». C’était le 17 juillet dernier, à l’occasion du 100e anniversaire de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Extraits.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 4 août 2009 Lecture : 5 minutes.

C’est un plaisir d’être entre amis. […] Ce que nous célébrons ce soir, ce n’est pas simplement le chemin parcouru par la NAACP, mais le chemin que nous, Américains, avons parcouru au cours des cent dernières années. […]

Pourtant, alors même que nous célébrons les remarquables succès des cent dernières années, alors même que nous héritons d’accomplissements extraordinaires qui ne peuvent être niés, alors même que nous nous émerveillons du courage et de la détermination de tant de gens ordinaires, nous savons que de trop nombreuses barrières demeurent.

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Nous savons que si la crise touche les Américains de toutes origines, les Africains-Américains sont plus souvent confrontés au chômage que les autres. Nous savons que si le coût croissant des dépenses de santé oppresse les familles de toutes origines, les Africains-Américains sont plus susceptibles que les autres de tomber malades et qu’ils ont moins de chances que les autres d’être couverts par une assurance maladie. Nous savons que si nous emprisonnons plus de personnes de toutes origines qu’aucune autre nation au monde, un enfant africain-américain risque cinq fois plus qu’un enfant blanc de voir un jour l’intérieur d’une prison. Nous savons que si le fléau du sida dévaste de nombreuses nations, en particulier en Afrique, il fait aussi des ravages dans la communauté africaine-américaine de manière disproportionnée. Tout ceci, nous le savons. […]

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui reste identique à ce dont nous avions besoin hier. Le même engagement. Le même sentiment d’urgence. Le même sens du sacrifice. Le même sens de la communauté. La même volonté de jouer un rôle, pour nous-même et pour les autres, qui a toujours défini l’Amérique dans ce qu’elle a de meilleur et l’expérience africaine-américaine dans ce qu’elle a de meilleur. […]

La première chose à faire, c’est donner chair aux mots contenus dans la charte de la NAACP et éradiquer les préjugés raciaux, l’intolérance et la discrimination entre les citoyens des États-Unis. Je comprends qu’il puisse y avoir chez certains la tentation de penser que la discrimination n’est plus un problème en 2009. Et je crois que, dans l’ensemble, il n’y a probablement jamais eu moins de discrimination en Amérique qu’aujourd’hui. Je crois que nous pouvons le dire. Mais ne vous méprenez pas : la souffrance liée à la discrimination est toujours ressentie en Amérique. Par les femmes africaines-américaines qui sont moins payées pour accomplir le même travail que leurs collègues de couleur ou de sexe différents. Par les Latinos qui ne se sentent pas bienvenus dans leur propre pays. Par les musulmans américains regardés avec suspicion parce qu’ils s’agenouillent pour prier leur dieu. Par nos frères et nos sœurs homosexuels toujours raillés, attaqués, privés de leurs droits. […]

Nous devons dire à nos enfants que : oui, si tu es africain-américain, le malheur de grandir entouré par le crime et parmi les gangs te menace plus. Oui, si tu vis dans une banlieue pauvre, tu devras relever des défis que les habitants des quartiers favorisés n’ont pas à relever. Mais ce n’est pas une raison pour avoir de mauvaises notes, pour sécher les cours, pour abandonner les études et quitter l’école. Personne n’a écrit ton destin pour toi. Ton destin est entre tes mains – ne l’oublie pas. C’est ce que nous devons enseigner à nos enfants. Pas d’excuse. Pas d’excuse. Avec cette éducation, toutes ces difficultés te rendront plus fort et tu seras mieux armé face à la concurrence. Oui, nous le pouvons.

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Parents, nous ne pouvons pas dire à nos enfants de bien travailler à l’école et ne pas les soutenir quand ils rentrent à la maison. L’éducation des enfants ne se sous-traite pas. Cela veut dire ranger la Xbox et les mettre au lit à une heure raisonnable. Cela veut dire assister aux rencontres parents-profs, leur faire la lecture et les aider à rédiger leurs devoirs. Et au passage, cela signifie que nous devons aussi être présents pour les fils et les filles de nos voisins. Nous devons renouer avec l’époque où, quand des parents voyaient des enfants faire les idiots, ils sévissaient même si ce n’était pas leurs enfants. C’est le sens de la communauté. C’est la manière dont nous pouvons reconquérir la force, la détermination et l’espoir qui nous ont aidés à aller si loin – qui nous ont aidés à sortir de l’impasse.

Cela signifie aussi pousser nos enfants à regarder un peu plus loin. […] Je veux qu’ils aient envie de devenir des scientifiques ou des ingénieurs, des docteurs et des enseignants, et pas seulement des joueurs de basket et des rappeurs. Je veux qu’ils aient envie de devenir juge de la Cour suprême. Je veux qu’ils aient envie de devenir président des États-Unis d’Amérique.

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Je souhaite que leurs horizons soient sans limites. Je ne leur dis pas et ne leur dites pas qu’ils n’arriveront à rien. Ne les abreuvez pas du sentiment que, d’une certaine manière, à cause de leur couleur, ils ne peuvent réussir. Oui, le gouvernement doit être une force d’encouragement. Oui, le gouvernement doit favoriser l’égalité. Mais au bout du compte, si nous voulons être fidèles à notre passé, nous devons chaque jour prendre notre futur en main.

C’est un simple rêve qui, pourtant, a été refusé bien trop souvent – et qui continue de l’être à tant d’Américains. C’est une chose douloureuse, de voir ce rêve refusé. […]

J’ai été élevé par une mère seule. Je ne suis pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Étant enfant, j’ai eu mon lot de problèmes. Et j’aurais pu facilement mal tourner. Lorsque je roule à travers Harlem ou que je roule à travers le sud de Chicago et que je vois des jeunes hommes aux coins des rues, je me dis que, si ce n’était par la grâce de Dieu, cela aurait pu être ma vie. Ils ne sont pas moins doués que moi. Ils ne sont pas moins talentueux que moi. […]

La même histoire vaut pour Michelle. Comme pour beaucoup d’entre vous. Et je veux que tous les autres Barack Obama et toutes les autres Michelle Obama aient la même chance. […] C’est de cette manière que notre union sera améliorée et notre économie reconstruite. C’est de cette manière que l’Amérique avancera dans les cent prochaines années. Et nous irons de l’avant. Je le sais car je sais que nous venons de loin.

Certains d’entre vous, la semaine dernière, ont vu Michelle et moi emmener nos filles Malia et Sasha ainsi que ma belle-mère au fort de Cape-Coast, au Ghana. Certains d’entre vous y sont peut-être déjà allés. C’est là que les captifs étaient enfermés avant d’être vendus aux enchères ; là où, par la traversée de l’océan, une si grande partie de l’expérience africaine-américaine a débuté. Nous sommes descendus dans les cachots où les captifs étaient enfermés. […] Nous avons marché à travers la « porte du non-retour ». Et je me suis rappelé toute la douleur, toutes les privations, toutes les injustices et toutes les humiliations du chemin menant de l’esclavage à la liberté. […] 

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