Le représentant de l’UE se lâche

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Publié le 3 août 2009 Lecture : 2 minutes.

Est-ce parce qu’il quitte son poste de représentant de la Commission européenne à Rabat que Bruno de Thomas s’est, dans un entretien avec le quotidien Le Matin (26 juillet), à ce point lâché ? Certes, le diplomate y dresse un bilan globalement positif des dix ans de règne de Mohammed VI (mise en place de l’Instance équité et réconciliation, réforme de la Moudawana, etc.), mais il souligne aussi un certain nombre de faiblesses et met en garde contre un possible « retour en arrière ».

Selon lui, l’arrêt de la distribution du quotidien français Le Monde, le 16 juillet, est une « surréaction qui semble donner raison à ceux qui considèrent que rien n’a changé ». Très critique à l’égard des procès intentés à des organes de presse, il estime qu’il ne serait pas « raisonnable de maintenir des peines de prison dans le nouveau code de la presse pour des délits d’opinion ».

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Passée curieusement inaperçue, cette interview n’a donné lieu à aucune réaction officielle. C’est donc avec surprise que Khalid Naciri, le ministre de la Communication, en a pris connaissance, trois jours plus tard. « Il a manqué à son devoir de réserve. À sa place, je me serais montré plus circonspect et respectueux », nous a-t-il confié. Le ministre précise que Le Monde n’a pas été interdit, mais distribué en kiosque avec un léger délai. 

« J’ai assez d’affection pour ce pays pour dire que, s’il n’y a pas de réforme de la justice, les choses ne changeront pas fondamentalement », se défend Bruno de Thomas. Dans son rapport de suivi 2008, Bruxelles s’inquiétait déjà de dysfonctionnements persistants en ce domaine. Il est vrai que Mohammed VI a fait de cette réforme « la priorité des priorités », mais les progrès sur le terrain sont lents. Bruno de Thomas a donc décidé « de ne pas appuyer la réforme l’année prochaine à Bruxelles ». Le budget qui devait être alloué à la justice le sera finalement à l’agriculture. Selon lui, « il ne sert à rien de soutenir une réforme qui n’existe pas ».

Enfin, le diplomate ne ménage pas les conseillers municipaux élus le 12 juin, dont certains, dit-il, cherchent à « s’enrichir plutôt qu’à servir ». Le 29 juillet, Bruno de Thomas a fait ses adieux à Mohammed VI et au Maroc. Il ne devrait pas y laisser que des amis.

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