Jean Ping nous rend visite

Président de la Commission de l’Union africaine

Publié le 3 août 2009 Lecture : 2 minutes.

À l’occasion de la sortie parisienne de son livre* Et l’Afrique brillera de mille feux, Jean Ping, 67 ans, président de la Commission de l’Union africaine, nous a rendu visite le 29 juillet. Cela tombait fort bien en cette période où l’actualité africaine est dominée par la présidentielle au Gabon. Le regard et l’analyse de celui qui fut longtemps le chef de la diplomatie de ce pays (entre janvier 1999 et février 2008) et le confident de feu Omar Bongo Ondimba sont forcément très utiles pour mieux comprendre les ressorts de la société gabonaise, mais aussi les profils et les arguments des candidats au scrutin du 30 août.

Pourtant, même si son pays vit une étape cruciale de son histoire, Jean Ping a d’autres centres d’intérêt. Sa longue expérience diplomatique et les responsabilités continentales qui sont les siennes font immanquablement dériver la conversation vers d’autres horizons : l’impasse politique à Madagascar, en Guinée et au Niger ; le processus électoral et la sortie de crise en Mauritanie ; le Darfour et le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre du Soudanais Omar Hassan el-Béchir ; le drame somalien ; le casse-tête que constitue la région des Grands Lacs…

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Ping évoque aussi les difficultés auxquelles un président de la Commission de l’UA est inévitablement confronté : les pesanteurs bureaucratiques ; les démêlés avec le président en exercice, l’encombrant Mouammar Kadhafi, peu respectueux des textes et des règlements de l’organisation, et qui n’hésite pas à le convoquer à Syrte pour un oui ou pour un non… Précisons quand même que le « Guide » libyen lui envoie un avion à Addis-Abeba et lui épargne de faire antichambre avant de le recevoir…

Pendant les sommets de l’organisation, la gestion des ego et des humeurs présidentiels ne sont pas une sinécure, raconte le président de la Commission. L’établissement du consensus préalable à toute prise de décision ou à l’adoption d’une résolution non plus. À « l’afropessimisme », Ping préfère à l’évidence « l’afroréalisme ». Il parle autant des conflits en cours que des avancées institutionnelles obtenues par l’UA ou de la coopération avec les cinq organisations sous-régionales du continent.

Ses propos fourmillent d’anecdotes savoureuses. Comme son livre, d’ailleurs, qu’il a commencé à écrire à l’époque où il présidait l’Assemblée générale des Nations unies. L’ouvrage se veut un plaidoyer en faveur de l’intégration africaine, nécessité absolue pour que le continent « brille enfin de mille feux ». L’histoire commence aux premiers jours des indépendances, par ce qu’il appelle plaisamment une « marche de l’écrevisse ». Elle s’est poursuivie jusqu’au renouveau du panafricanisme qui marque ce début de millénaire.

Jean Ping rappelle les effets néfastes de la guerre froide, de la perte de souveraineté consécutive à l’application des plans d’ajustement structurel concoctés par les institutions financières internationales, ou encore du droit d’ingérence humanitaire. Son livre est une lecture instructive pour l’été. En attendant la grande interview qu’il a promis de nous accorder avant le sommet UA-Amérique latine, à Caracas, au mois de septembre.

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* Et l’Afrique brillera de mille feux, Ed. L’Harmattan, collection « Grandes figures d’Afrique », juin 2009, 28 euros.

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