Courrier des lecteurs

Publié le 28 juillet 2009 Lecture : 6 minutes.

La Guinée suspendue à un fil

– Dans sa nouvelle marche amorcée depuis décembre 2006, la Guinée est encore à la croisée des chemins. Elle doit prendre une décision extrêmement importante : aller aux élections en 2009 et tenter d’instaurer un État de droit, ou bien le faire plus tard et risquer de voir s’instaurer un totalitarisme.

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Théoriquement, donc, voici le problème. Le président Moussa Dadis Camara, lui, est prêt pour les élections en 2009. Mais il y a du danger. En outre, il avait donné son accord sans consulter ses collaborateurs ni son peuple, dont les Guinéens de l’étranger ! Maintenant, tous doivent réfléchir pour décider d’un nouveau calendrier électoral, en tenant compte des risques, du temps qui reste pour 2009, etc. Pour ce faire, il va certainement falloir organiser plusieurs rencontres.

Et, puisque nous sommes déjà en juillet, l’année 2009 suffira à peine pour ces seules consultations. Le plus tôt possible pour les élections sera donc 2010. Or qu’a dit le président à propos de sa candidature [voir J.A. n° 2532, NDLR] ? Qu’en 2009 – et 2009 seulement –, il n’était pas candidat.

Tout compte fait, si cette élection est reportée, il faut maintenant comprendre que Dadis Camara sera candidat. Et dans ces conditions, on connaît déjà le résultat.

Mahmoud Ben Said, Matsue, Japon

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Michael Jackson, ce diable du show

– J’ai regretté à en pleurer la mort de Michael Jackson, ce diable du show. Il mettait le feu sur scène, du baume à nos cœurs et la joie dans nos vies. Enfant, il était beau dans sa négritude, sa solitude et son insouciance. Il était magicien et perfectionniste dans tout ce qu’il faisait. Puis sa naïveté a pris le dessus et a été l’objet de toutes les manipulations. Il s’est imposé une métamorphose physique comme si sa peau noire ne lui convenait plus, voire le dégoûtait. À la fin, il était devenu effroyable à voir. Il me faisait peur. Cependant, sidérée et triste, je garde jalousement le numéro de Jeune Afrique où Michael a fait la une à l’occasion de son concert tunisien.

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Damâa Soua, Ras Jebel, Tunisie

Valse irano-vénézuélienne

– En Amérique latine, le président de la République du Honduras, en fonctions depuis peu, a été déposé par l’armée du pays. Elle lui reproche de vouloir violer la Constitution en projetant une loi permettant un second mandat présidentiel.

Il convient de s’étonner que l’une des premières décisions présidentielles se concentre dans une tentative institutionnelle de prorogation de mandat !

Initialement conservateur, le président hondurien a par la suite répondu aux offres irano-vénézuéliennes en se transformant en progressiste. La réaction du Parlement et de l’état-major ne s’est pas fait attendre.

Quant aux États-Unis, ils viennent d’opérer un coup de maître. En raisonnant le Parlement et en reconnaissant le président versatile, ils lui ont ouvert une issue de secours tout en lui permettant de changer une fois de plus d’orientation, cette fois dans le giron américain !

Ce grave incident paraît folklorique au premier abord. Il révèle surtout le développement d’une situation géostratégique inquiétante en Amérique latine.

Grâce à ses pétrodollars, l’Iran tente « d’acheter » l’Amérique latine par l’intermédiaire de son allié vénézuélien. Le but essentiel est d’encercler les États-Unis, comme ces derniers ont encerclé l’Iran. Le Nicaragua a déjà intégré la sphère irano-vénézuélienne. L’exécutif bolivien a franchi le Rubicon mais se heurte à l’hostilité d’une partie du pays. La Colombie réagit régulièrement aux tentatives de déstabilisation, le Chili et l’Argentine ont poliment refusé. Il n’empêche : le processus est en marche, et la démonstration faite ; maniant l’hyperfinancement et le bellicisme, l’Iran et le Venezuela pensent avoir raison de ces difficultés qu’ils estiment temporaires.

Pierre Saba, Genève, Suisse

Iran : un poids, deux mesures ?

– Je me permets une réflexion tardive à propos de la réélection d’Ahmadinejad en Iran, objet de l’éditorial de Béchir Ben Yahmed dans le J.A. n° 2529 et de sa réponse à un lecteur dans le n° 2531.

Résultat truqué en Iran ? Possible et même probable. Mais il faut souligner qu’il y a eu une campagne électorale et des débats loin d’être indignes d’une démocratie avancée. En outre, une victoire du candidat au pouvoir avec 53 % n’est pas tellement scandaleuse. Les manipulateurs iraniens ont eu plus de scrupules et de retenue que bien d’autres régimes pourtant moins dénoncés après chaque élection ou réélection de leurs dirigeants.

Pourquoi s’acharner sur l’Iran ? La plupart des dirigeants des pays africains et arabes ne sont-ils pas au pouvoir à la suite d’élections et de réélections au moins aussi truquées – et certainement moins démocratiques – que celle d’Ahmadinejad en 2009 ?

Je suis personnellement convaincu que les manifestations ont été appuyées et encouragées par des pays hostiles à l’Iran. Faut-il rappeler l’histoire récente des manipulations de la CIA et de ses comparses dans les anciens régimes communistes : Ukraine, Géorgie… pour amener au pouvoir des dirigeants accommodants. Les médias occidentaux se sont déchaînés face à la victoire électorale d’Ahmadinejad en Iran car ils ont trouvé une belle occasion de discréditer l’Iran et ses dirigeants, avant de justifier de prochaines sanctions ou bombardements.

Je n’ai pas de sympathie particulière pour ce régime. Mais j’ai eu l’occasion de visiter et d’apprécier le peuple iranien, y compris ses émigrés.

Abdelkader Fahem, Paris, France

Réponse : L’Iran est un grand pays, héritier d’une belle histoire et d’une grande civilisation, son élection présidentielle est en effet intervenue à l’issue « d’une campagne électorale et de débats loin d’être indignes d’une démocratie avancée ».

Vous en convenez vous-même, le résultat a été « probablement truqué » ; en tout cas, par centaines de milliers, les électeurs sont descendus dans la rue pour s’insurger contre ce résultat. Une bonne partie de la hiérarchie du régime, la plus ouverte sur le monde extérieur et qui veut un Iran plus moderne et plus démocratique, s’est associée à ce rejet d’un résultat « probablement truqué » ; les uns et les autres ont été réprimés durement.

Je suis de leur côté et contre ceux qui répriment. Et vous-même, M. Fahem, vous vous situez en général du côté des opprimés et nous reprochez de ne pas réagir assez vigoureusement aux dérapages des oppresseurs quand il s’agit des dictatures arabes et africaines.

Ne changez pas de place, et ne nous reprochez pas de nous situer là où plus d’une fois vous nous avez appelés à nous situer.Béchir Ben Yahmed

Le Gabon aux Gabonais

– Cela paraît surprenant que le parti au pouvoir au Gabon ait décidé de choisir Ali Bongo comme candidat à la prochaine élection présidentielle, malgré son manque de popularité.

C’est une grande intrigue qui doit profondément déranger les masses populaires du Gabon. Où va notre évolution politique ? La démocratie est-elle une importation ? A-t-on le souci du développement de notre pays ?

La France et le parti au pouvoir nous disent que pour conserver notre paix et notre développement le fils Bongo est l’idéal. Mais le Gabon appartient aux Gabonais et non à la famille présidentielle. Où va l’Afrique si le pouvoir se transmet de père en fils ?

Il semble que nous soyons sous l’influence totale de la politique française, qui paraît décider de nos leaders à notre place. La France est bien notre destin au Gabon, mais la réaction du peuple après l’élection présidentielle risque d’être lourde de questions si le fils Bongo la gagne.

Jean Nziengui, Washington, États-Unis

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