Electrique Baaba Maal

Après une discrétion prolongée, le Sénégalais revient avec Television. Un disque atypique, qui se joue des frontières musicales.

Publié le 28 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Avec Ismaël Lo et Youssou N’Dour, Baaba Maal est l’un des premiers artistes sénégalais à avoir su séduire la scène internationale en produisant une musique trouvant le juste équilibre entre les traditions musicales du Sénégal et les sonorités occidentales. Sa voix poignante, son élégance princière, son aisance et sa grâce dans la danse font de chacun de ses concerts des moments de pure légèreté et de fête intense. Si, dans Missing You (Mi Yeewnii), son album précédent, sorti en 2001, le chanteur semble vouloir retourner à la source et retrouver les ambiances paisibles des soirées au clair de lune dans le Fouta-Toro, la terre d’où il vient, au nord du Sénégal, Television marque clairement un virage.

Urbain, contemporain, pop et électro, l’album affiche une vraie singularité. Créatif, surprenant, tout en pouvant agacer car laissant une place exagérée à Sabina Sciubba, la chanteuse sans grand intérêt du groupe new-yorkais Brazilian Girls. Au détriment de la voix unique et majestueuse de Baaba Maal, presque trop en retrait parfois. Avec Television, le chanteur, programmé au festival Rock en Seine à Paris, le 30 août, réaffirme l’ouverture de sa vision musicale et son attrait pour le son cross-over, déjà suggéré dans l’album Nomad Soul, en 1998. S’il passe depuis quelques années autant de temps à Londres qu’à Podor, là où tout a commencé pour lui, il reste profondément attaché au pays de la Terenga, à sa première identité, aux rythmes et mélodies qui l’ont bercé.

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Dans ce modeste village de pêcheurs devenu une petite ville d’environ 12 000 habitants, il a monté un festival, Les Blues du fleuve. La quatrième édition se déroulera en décembre et permettra d’attirer l’attention sur la région du fleuve, de participer aux actions de développement. « Le musicien n’est pas là seulement pour dispenser du plaisir. Il doit aussi se sentir investi d’une mission d’éducation, déclare Baaba Maal. Les musiciens africains ont un rôle à jouer, vu ce que la musique représente au quotidien sur le continent. Nous devons en profiter pour apporter quelque chose de concret, à l’instar des griots qui, dans les sociétés anciennes, transmettaient les messages, les références nécessaires à l’harmonie de la société. » 

Surprise

Fin avril, Baaba Maal était à Mantes-la-Jolie, en région parisienne, où réside une forte communauté sénégalaise. Il répondait à l’invitation de l’association SehilaaBe Daande Lenyol (SDL), qui organisait une soirée afin de récolter des fonds pour des projets liés à l’éducation et à la santé dans le Fouta-Toro. Quelques semaines plus tard, il participait, à Londres, au concert organisé pour fêter les 50 ans d’Island Records, le label fondé par Chris Blackwell, l’homme qui a fait de Bob Marley une vedette planétaire et permis à Baaba Maal d’atteindre une audience internationale. Au cours de cet anniversaire, Bono, le leader de U2, et Baaba Maal ont créé la surprise en interprétant en duo One Love, l’un des hymnes de Marley. Le 18 juillet, un autre anniversaire inscrit sur l’agenda du plus célèbre grand voyageur de Podor, un autre engagement : le concert du Mandela Day 2009, au Madison Square Garden de New York, pour fêter les 91 ans de Madiba, avec Stevie Wonder, Aretha Franklin, Angélique Kidjo, Cyndi Lauper, Dave Stewart et… Carla Bruni-Sarkozy. « Mandela, c’est un symbole pour moi », précise Baaba Maal, chanteur épris de justice et, comme d’autres, rêvant d’un monde meilleur. 

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