Polémiques autour de Bénin Télécoms
Évoqué dès 2007, puis de nouveau en juin 2008, le scénario de la privatisation de Bénin Télécoms (BT) revient sur le devant de la scène béninoise. Du moins sur la forme, entre polémiques et déclarations en cascade.
Côté gouvernement d’abord, avec Désiré Adadja, ministre de la Communication et ex-PDG de BT, qui vient de réaffirmer fermement à la mi-juillet la privatisation prochaine de l’opérateur historique. L’État veut donc vendre. Besoin de liquidités, comme en 2007, quand le prix des licences GSM était révisé à la hausse ? Sans doute. L’initiative suit surtout le mouvement en cours sur le reste du continent. « En privatisant une compagnie, celle-ci devient plus compétitive, et l’État fait une bonne affaire avec de futures rentrées fiscales plus conséquentes », précise Binta Drave, du cabinet Exotix, à Londres.
Côté syndicats ensuite, qui, réunis plusieurs fois en assemblées générales, rejettent la cession annoncée de 51 % du capital. Mais aussi dans l’opposition : le 13 juillet, trois députés ont remis une lettre ouverte à l’Assemblée nationale, déclinant toute une liste de questions restées sans réponses.
Seul point qui fasse consensus : BT ploie sous les dettes, ce qui alimente une querelle de chiffres : à combien s’élève l’ardoise, à 161 ou à 203 milliards de F CFA ? À l’évidence, personne n’est d’accord, et l’entreprise n’a pas publié de bilan financier depuis cinq ans. Qui sera le repreneur ? Pas MTN, déjà présent dans le GSM au Bénin. Zain est trop occupé à négocier la vente de ses actifs africains. France Télécom, peut-être, toujours en quête de bonnes affaires sur le continent, voire Sudatel, qui a raté le coche au Mali ? Plus probable, Maroc Télécom, spécialiste du rachat des opérateurs historiques, pourrait être intéressé. D’autant que « le poids de la dette n’est pas la seule considération à prendre en compte », souligne Binta Drave : outre sa licence d’exploitation, Bénin Télécoms peut offrir un réseau déjà en place et une clientèle. Certes, l’activité fixe peut rebuter : outre de lourdes dettes, elle exige de gros investissements. Dernier mystère : quand se fera cette privatisation ? Là encore, c’est le flou. Un consortium de cinq cabinets, chargé d’accompagner le processus, doit rendre ses conclusions le 31 décembre 2009 au plus tard.
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