Le coeur gros du Maroc profond

Les disparités entre ville et campagne comptent parmi les principales contraintes de développement du royaume. Malgré les efforts d’équipement, les ruraux accusent des retards sur le plan de l’éducation, de la santé et, pour près d’un quart, souffrent de grande précarité.

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Publié le 28 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

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Dix ans qui ont changé le Maroc

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Grands travaux à Tanger, boom touristique à Marrakech, explosion culturelle à Casablanca… Depuis toujours, c’est cet axe urbain, vitrine du Maroc moderne, qui accapare l’attention des médias. Un Maroc « utile », d’où émerge une classe moyenne et où l’essentiel des activités économiques et culturelles est concentré. â©Pourtant, le monde rural pèse lourd à l’échelle du pays. Quatorze millions de Marocains y vivent, et le secteur agricole représente 15 % à 20 % du PIB, mais les indicateurs de développement humain y demeurent très faibles : 8 à 10 millions d’actifs souffrent de chômage ou de grande précarité et 22 % des familles rurales vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 7,9 % des familles urbaines.

Depuis dix ans, c’est au niveau des infrastructures que les choses ont le plus évolué. Lancé en 1995, le Programme d’électrification rurale global (PERG) a permis d’atteindre un taux d’électrification de 96 %. Même chose pour l’eau potable, dont l’accès s’est considérablement développé pour atteindre près de 70 %. « C’est très positif, reconnaît l’économiste Najib Akesbi. Mais il ne suffit pas d’amener un fil électrique dans les villages, encore faut-il que les gens aient les moyens de payer leur abonnement. » Grâce, notamment, à l’Initiative nationale pour le développement humain lancée par Mohammed VI en 2005, des écoles et des dispensaires ont été construits. Reste à faire en sorte qu’ils soient dotés de personnels en nombre suffisant et que les populations puissent s’y rendre. En effet, malgré le programme des routes rurales, lancé dans les années 1990, 54 % des villages restent encore enclavés. Les intempéries de l’hiver 2009 ont contribué à médiatiser cette situation, des dizaines de personnes étant mortes de froid ou faute de soins.

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Un plan vert pour réorganiser l’agriculture

Les fortes pluies hivernales ont aussi permis de réaliser une récolte exceptionnelle, rappelant à quel point l’agriculture marocaine est dépendante des aléas climatiques. Malgré les nombreuses politiques menées depuis l’indépendance, le secteur cumule les déficits. En 2004, le produit agricole par tête était de 674 dirhams (DH, 60,16 euros), soit tout juste 2 DH de plus que le niveau de 1960. Plus grave : la dépendance alimentaire du royaume n’a jamais été aussi forte. On importe 95 % de l’huile d’arachide et près de 50 % des besoins en blé. L’activité agricole permet de moins en moins aux paysans de gagner leur vie, et certains villages ne survivent que grâce aux transferts d’argent des émigrés.

Présenté en grande pompe en avril 2008, le plan Maroc Vert veut faire de l’agriculture marocaine un moteur de croissance, créer des emplois et lutter contre la pauvreté en milieu rural. Grâce à un investissement de 150 milliards de DH (13,4 millions d’euros), les autorités entendent poser les jalons, d’ici à 2020, d’une agriculture moderne et à forte valeur ajoutée. Mais le plan est loin de faire l’unanimité. On lui reproche notamment de contourner la question foncière, qui est pourtant au cœur du problème. Au Maroc, 70 % des exploitations font moins de 5 hectares, et le morcellement rend difficile, voire impossible, le passage à une agriculture intensive plus productive.

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