Le roi des femmes
Dix ans qui ont changé le Maroc
Le « roi des pauvres » est aussi, depuis le début de son règne, le roi des femmes. Premier geste symbolique, il épouse en 2002 Salma Bennani et la présente au grand public. Une première dans un royaume où l’épouse du roi, dont le rôle se réduit à celui de procréatrice, est strictement cachée. Lalla Salma, à la manière de Rania de Jordanie, s’implique depuis dans les œuvres sociales et caritatives, faisant la preuve que, au Maroc, la femme n’est plus contrainte de vivre dans l’ombre de l’homme.
Mais c’est surtout la décision de réformer le Code de la famille qui va donner du roi l’image d’un militant de la cause des femmes, tant dans le monde occidental que chez certains voisins arabes. Dès son accession au trône, Mohammed VI forme une commission chargée de réfléchir sur ce texte de 1957 et, en 2004, la nouvelle Moudawana entre en application. Même s’il a suscité des oppositions de la part des islamistes les plus conservateurs, le nouveau code est l’objet d’un véritable consensus national et contient des avancées réelles. La polygamie est soumise à des conditions qui la rendent presque impossible, et la famille est placée sous la responsabilité conjointe des deux époux. Si la répudiation est toujours possible, elle est soumise à l’autorisation préalable d’un juge. Enfin, la femme peut demander le divorce, ce qui n’était possible auparavant qu’à certaines conditions.
Si l’esprit de la réforme est plus que satisfaisant, son application laisse en revanche à désirer. En 2007, les magistrats ont par exemple autorisé 80 % des mariages de mineurs, alors même que la Moudawana fixe à 18 ans l’âge minimal pour le mariage. Aussi, fin 2009, une réforme du système judiciaire devrait être entamée afin d’améliorer les conditions d’application du texte, notamment en milieu rural.
Dans le monde politique, les femmes ont pu faire une percée lors des élections communales du 12 juin 2009 grâce à l’instauration d’un quota. Plus de 3 000 femmes sont désormais présentes dans les conseils communaux. Fin 2008, le roi a fait un geste fort en annonçant la levée par le royaume de la totalité des réserves au sujet de la convention internationale sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Reste que la question de l’héritage, qui est encore très inéquitable entre les sexes, ou celle de l’interdiction totale de la polygamie se heurtent encore à de nombreux conservatismes et ne devraient pas connaître de réforme immédiate.
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