Bahreïn, avec ou sans alcool ?
Les mesures prises par le gouvernement contre les bars et les boîtes de nuit sont loin de faire l’unanimité.
Le royaume du Bahreïn ne compte qu’un peu plus de 700 000 habitants, mais il reçoit chaque année près de 2 millions de touristes. Et pour cause : ce petit archipel du golfe Arabo-Persique est connu pour être un haut lieu du divertissement dans la région. Boîtes de nuit, cinémas, cabarets, casinos accueillent à bras ouverts les étrangers, et en premier lieu les riches Saoudiens. Ces derniers, chez qui ce genre d’établissements est strictement interdit, n’ont qu’à traverser la « chaussée du roi Fahd » pour se retrouver, une demi-heure plus tard, dans ce Las Vegas arabe. Le week-end, ils investissent les bars et les hôtels de Manama, la capitale, suscitant la colère des Bahreïnis les plus conservateurs.
Depuis le début de l’année, des voix s’élèvent pour déplorer la réputation que s’est forgée le pays. Selon un député conservateur cité par l’AFP, « les étrangers soûls et les prostitués qui envahissent le Bahreïn corrompent le pays ». Le député islamiste Abdul Halim Murad a pris la tête du mouvement. Il a demandé officiellement au gouvernement d’interdire l’alcool sur l’ensemble du pays et de faire fermer toutes les boîtes de nuit. Chiites et sunnites, habituellement opposés sur le plan politique, ont trouvé dans la protection de la moralité de Bahreïn une cause commune.
Devant ces attaques, les autorités sont divisées. Elles essayent d’apaiser les tensions et ont accepté en avril de faire fermer les bars dans les hôtels une et deux étoiles. Mais elles font face à la colère des patrons d’établissements hôteliers, qui ont demandé à la justice d’abroger des mesures qu’ils considèrent comme suicidaires économiquement et dans lesquelles ils voient un gage de trop donné aux islamistes. Du côté des libéraux, on s’évertue à briser le cliché du Saoudien venant s’adonner à la débauche. Les sujets du roi Abdallah viennent aussi au Bahreïn pour aller au cinéma, assister à des concerts ou à des expositions dans un pays connu pour être un centre important d’art contemporain. Et, comme partout ailleurs, ils dépensent des sommes colossales, un argument de poids pour les défenseurs de la vente d’alcool.
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