La Libye et l’Ukraine en lune de miel

Entre la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste et la jeune république ex-soviétique d’Ukraine, indépendante depuis 1991, c’est la lune de miel. Le « Guide » Mouammar Kadhafi est tombé sous le charme de la Première ministre ukrainienne, Ioulia Timochenko, venue lui rendre une visite officielle le 26 mai dernier. Elle, de son côté, est repartie enchantée, avec des dizaines d’idées de projets de coopération dans tous les domaines, de l’énergie nucléaire à la culture de céréales, de l’élevage à la pétrochimie, du militaire à la santé et à l’éducation. Tout a été prévu, y compris un protocole sur la protection des « informations secrètes ».

« La Libye est un pont vers tous les pays d’Afrique », a-t-elle déclaré. L’Ukraine peut, en partenariat avec Tripoli, conquérir des marchés africains, vendre des usines clés en main, des produits industriels et agricoles… Devant un tel enthousiasme, Kadhafi n’a pas manqué d’inviter Ioulia Timochenko aux festivités qui marqueront, le 1er septembre 2009, le quarantième anniversaire de son putsch contre le roi Idriss 1er.

Cette coopération naissante a pris des formes un peu plus précises lors de la visite du Premier ministre libyen à Kiev (les 20 et 21 juillet). Al-Baghdadi Ali Al-Mahmoudi a montré l’intérêt de la Libye à investir massivement en Ukraine : elle est candidate au rachat de l’usine chimique d’Odessa dont la mise à prix (1 milliard de dollars) sera lancée le 29 septembre ; à la construction dès 2010 d’une raffinerie de pétrole libyen à Odessa d’une capacité de 10 millions de tonnes par an ; à l’implantation de plusieurs stations-service en Ukraine…

Tripoli promet également de livrer du pétrole et du gaz, d’investir dans la production de céréales et dans l’élevage. Kiev offrira, en échange, sa coopération technique et son hospitalité aux ressortissants libyens désireux de poursuivre des études supérieures sur son sol, y bénéficier de soins médicaux ou simplement faire du tourisme.