Malgré la croissance

Sur les 49 pays les plus pauvres du monde, 33 sont situés en Afrique. Et ils semblent davantage touchés par la crise que leurs pairs asiatiques et sud-américains.

Publié le 27 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Repenser les stratégies de développement des pays les moins avancés (PMA) à la faveur de la crise internationale. C’est le credo du rapport 2009 publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) le 16 juillet dernier, qui s’appuie sur un constat sans appel : les stratégies de développement mises en œuvre jusqu’ici dans les 49 pays les plus pauvres du monde ont échoué. En particulier dans les 33 PMA africains, davantage touchés par la crise que leurs pairs asiatiques et sud-américains et malmenés par les programmes d’ajustement structurel imposés par les bailleurs de fonds internationaux – Banque mondiale et FMI notamment. Ces PMA ont connu une croissance de 2002 à 2007, « forte en apparence, mais anémiée du point de vue de son contenu », nuance Habib Ouane, directeur pour l’Afrique, les PMA et les programmes spéciaux à la Cnuced : dopée sur l’exportation de matières premières, qu’il s’agisse de produits agricoles ou miniers, « cette croissance n’a pas eu d’impact structurant sur leurs économies ». Autre erreur, imputable aux bailleurs de fonds : un déséquilibre structurel de l’affectation de leurs fonds, dévolus quasi exclusivement aux secteurs sociaux (santé et éducation) des PMA, au détriment des secteurs productifs, dont l’agriculture.

D’où cette recommandation : diversifier et développer les capacités productives des PMA en soutenant une « politique budgétaire expansionniste ». Mais comment faire, alors que les investissements directs étrangers (IDE) et l’aide publique au développement (APD) sont en baisse ? Quelles ressources budgétaires mobiliser dans ces pays en déficit chronique ? Pour Ouane, « l’approche doit être graduelle » : commencer d’abord par mobiliser au mieux les ressources internes, au moyen d’innovations institutionnelles ou technologiques. Ensuite vient l’étape de la concertation : et si les PMA « décidaient ensemble d’augmenter la fiscalité à laquelle sont soumises les entreprises étrangères, notamment dans le secteur minier ? » suggère Habib Ouane. Autre piste de financement : les fonds souverains, qui, dans les pays émergents, brassent plus de 4 000 milliards de dollars. En quête d’investissements sûrs et rentables, « il n’y a pas de raison qu’ils ne s’intéressent pas aux PMA d’Afrique ».

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Certains touchent déjà les dividendes d’une politique d’investissements volontariste. Ainsi, après le Cap-Vert, sorti du lot des PMA en 2007, le Comité des politiques de développement de l’ONU recommande aujourd’hui d’en extraire la Guinée équatoriale, qui, note Habib Ouane, « a fait des efforts dans le domaine des infrastructures ».

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